Pendant que les clients fortunés se pressent devant le 24 Faubourg Saint-Honoré et les corners branchés du Bon Marché, les investisseurs accélèrent leurs emplettes en titres Hermès et LVMH. Pour preuve : l'action du spécialiste de l'ultra-luxe s'adjuge 3,10% à 161,50 euros tandis que celle de la multinationale progresse de 2,15% à 128,15 euros. La raison de cette fringale acheteuse ? LVMH a annoncé mardi 21 décembre au soir posséder plus de 20% d'Hermès. En rachetant du Hermès au prix du marché, Bernard Arnault a démontré sa détermination à être un actionnaire incontournable du maroquinier.


Dans le détail, LVMH, qui avait stupéfié le marché en révélant fin octobre détenir 17% d'Hermès, a franchi le seuil des 20% du capital du groupe du maroquinier au 17 décembre dernier et détenir désormais 21 338 675 actions, soit 20,2% du capital (12,7% des droits de vote). LVMH a donc acquis 3 321 429 titres supplémentaires depuis le 21 octobre.

Dans sa déclaration à l'AMF, LVMH réaffirme le caractère amical de l'opération. Il qualifie cet investissement de «stratégique et de long terme».

Les titres récemment acquis l'ont été probablement vers le 30 novembre dernier où 3 440 528 titres avaient été échangés dont 2 886 198 au fixing (cours de clôture de 146 euros) à l'occasion de la sortie d'Hermès du MSCI, commente la société de Bourse Aurel bgc.

En fonction des fourchettes de cours retenues (150 à 160 euros par action Hermès), l'acquisition par LVMH de 3,2% supplémentaires lui a coûté entre 500 et 600 millions d'euros, a calculé de son côté Reuters.

Selon la direction du sellier de la rue du Faubourg Saint Honoré, les membres de la famille n'ont pas cédé de titres. En prenant l'hypothèse que les familles Hermès détiennent encore 73% du capital, le flottant est désormais proche de 7%.

Désormais, une poignée d'institutionnels détiennent la majeure partie du flottant restant. "Ils savent, que, quelle que soit l'issue de la bataille, ils n'ont pas intérêt à vendre", a relevé un trader.

En asséchant ainsi la liquidité du titre, LVMH pourrait vouloir donner des arguments aux actionnaires minoritaires qui souhaitent une OPA, estiment les analystes de CM-CIC Securities cités par Reuters.

En tout état de cause, "cette montée dans le capital d'Hermès est un signe supplémentaire de la détermination de Bernard Arnault et rend plus nécessaire la création d'une holding non cotée, comme envisagée par les familles Hermès, pour maintenir le contrôle familial", souligne Aurel.

Ce projet, assorti d'une demande de dérogation d'OPA, est actuellement en cours d'examen auprès de l'AMF.

Pour Aurel, le fait d'avoir franchi le seuil des 20% du capital d'Hermès ne change pas grand-chose dans la bataille pour le contrôle d'Hermès. Ce seuil de 20% permet seulement à LVMH de pouvoir consolider par mise en équivalence cette participation, précise néanmoins le broker qui conserve son opinion Vendre et son objectif de cours de 123 euros sur le titre Hermès.

De son côté, CA Cheuvreux a confirmé son opinion Surperformance et son objectif de cours de 135 euros sur LVMH. Le bureau d'études estime lui aussi que cette nouvelle offensive montre la détermination de Bernard Arnault, "mais la route pourrait être encore longue" conclut l'analyste.

(P-J.L)