Quelque 4.000 pilotes ont débrayé lundi pour un mouvement social qui devait durer quatre jours. Ils redoutent que la compagnie aérienne ne veuille réduire les coûts en transférant des postes dans des filiales à l'étranger, comme Austrian Airlines ou Lufthansa Italia.

Le syndicat Vereinigung Cockpit (VC) a accepté lundi soir de suspendre la grève jusqu'au 8 mars pour que puisse se réamorcer le dialogue, lit-on dans un document judiciaire.

"VC a dit qu'il était prêt à reprendre les discussions et nous nous en tenons là", a dit le négociateur du syndicat Thomas von Sturm. La Lufthansa a fait savoir qu'elle saluait cette décision même s'il lui faudra quelques jours pour remettre de l'ordre dans sa grille de vols.

La compagnie aérienne allemande veut réduire ses coûts d'un milliard d'euros à l'horizon 2011.

Les pilotes proposent de renoncer à une hausse des salaires s'ils peuvent avoir un droit de regard sur les lignes ou les emplois de pilotes transférés à des filiales.

Lufthansa refuse, arguant que cela reviendrait à céder à une partie du personnel le contrôle de décisions stratégiques.

Le dernier conflit social impliquant les pilotes de la Lufthansa remonte à 2001 et s'était soldé par une coûteuse hausse des salaires. Il avait fallu alors la médiation de l'ancien ministre des Affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher.

Ce conflit illustre l'inquiétude croissante des salariés allemands pour leur emploi alors que la reprise économique semble marquer le pas dans la première économie d'Europe.

Une partie des syndicats a opté pour des accords offrant des garanties en terme de préservation de l'emploi en échange de concessions sur les salaires.

Le géant automobile Volkswagen a ainsi conclu mardi un accord dans ce sens avec la puissante centrale syndicale IG Metall.

Jeudi, cette dernière a conclu avec le patronat de la métallurgie du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie un accord prévoyant un quasi-gel des rémunérations cette année.

Maria Sheahan et Rhys Jones, version française Wilfrid Exbrayat, édité par Jean-Stéphane Brosse