Les pilotes de Lufthansa ont lancé un appel à cesser le travail à partir de lundi pour protester contre l'éventualité d'un transfert d'une partie de leurs effectifs à des filiales étrangères, comme Austrian Airlines ou Lufthansa Italia, qui permettrait à la compagnie de réduire ses coûts salariaux et de remettre en cause leur statut.

Les discussions avec la direction ont été interrompues vendredi et le ministre allemand des Transports, Peter Ramsauer, a réclamé leur reprise dans l'espoir d'éviter une grève.

Samedi, le syndicat Vereinigung Cockpit (VC) a proposé la tenue de nouvelles négociations ce week-end pour dissiper ce qu'il appelle des "malentendus" mais il n'a pas renoncé aux revendications dont la direction réclamait l'abandon.

La compagnie, elle, se dit prête à engager de nouveaux pourparlers à condition que le syndicat ne s'immisce pas dans des décisions relevant de la direction.

Lufthansa estime d'ores et déjà que la grève risque de lui coûter 100 millions d'euros de trésorerie, en plus du manque à gagner en terme de ventes de billets et des dégâts causés à son image.

Ce conflit illustre l'inquiétude croissante des salariés allemands pour leur emploi alors que la reprise économique semble marquer le pas dans la première économie d'Europe.

Une partie des syndicats a opté pour des accords offrant des garanties en terme de préservation de l'emploi en échange de concessions sur les salaires.

Le géant automobile Volkswagen a ainsi conclu mardi un accord dans ce sens avec la puissante centrale syndicale IG Metall.

Jeudi, cette dernière a conclu avec le patronat de la métallurgie du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie un accord prévoyant un quasi-gel des rémunérations cette année.

"Pour les consommateurs, la peur de perdre son emploi est devenue un sujet de préoccupation majeur avec la crise", explique Rainer Guntermann, économiste de Commerzbank. "Les gens ont peur de ne pas retrouver rapidement un nouvel emploi s'ils perdent le leur."

Maria Sheahan, Marc Angrand pour le service français