* Osborne veut des garanties de Bruxelles

* Il se prononce pour une "règle d'or" budgétaire

* Carney veut mieux encadrer les marchés

par David Milliken

LONDRES, 11 juin (Reuters) - Le ministre britannique des Finances a demandé mercredi à l'Union européenne la garantie que le Royaume-Uni ne serait pas pénalisé en raison de sa décision de rester en dehors de la zone euro.

George Osborne a profité de son traditionnel discours de Mansion House prononcé devant les financiers de la City pour exprimer son désir de réécrire l'un des principes fondateurs de l'UE, celui d'une union "sans cesse plus étroite", inscrit dans le traité de Rome.

"Même le plus pro-Européen dans la salle pourrait remettre en question les bénéfices de l'appartenance britannique à l'UE si nous n'abordions pas ces questions maintenant", a-t-il dit.

"C'est un défi particulier pour le Royaume-Uni et un cas qui n'est pas envisagé dans les traités de l'UE", a-t-il ajouté.

La question du maintien de la Grande-Bretagne dans l'Union européenne sera soumise à un référendum d'ici à la fin 2017, après que le Premier ministre David Cameron et son fidèle allié George Osborne auront renégocié les liens qui unissent la Grande-Bretagne à l'Union européenne.

George Osborne s'en est pris mercredi à une "législation européenne mal conçue et malencontreuse", qu'il a qualifiée d'"une des plus grandes menaces pour la compétitivité internationale" de la Grande-Bretagne.

Dans son discours prononcé à la résidence du Lord-maire de Londres, le ministre a également fait savoir que l'Etat commencerait dans les prochains moins à procéder à la vente de sa participation au capital de Royal Bank of Scotland (RBS).

Londres veut accélérer la cession d'une partie des 81% de RBS détenus par l'Etat depuis la crise financière de 2007-2009 afin que celle-ci intervienne avant la privatisation de Lloyds Banking Group, prévue pour mars 2016.

CARNEY VEUT MORALISER LES MARCHÉS

Conforté par la victoire des Conservateurs aux élections du mois dernier, George Osborne a cherché par ailleurs à asseoir la crédibilité de sa politique économique en répétant son engagement à ce que l'Etat assure des excédents budgétaires sur le long terme.

Il a proposé notamment une législation contraignant les futurs gouvernements à dépenser moins que leurs recettes fiscales en période de conjoncture normale -- une "règle d'or" que très peu de pays ont tenté d'instaurer depuis la Seconde Guerre mondiale.

Autre intervenant de la soirée, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, a proposé une batterie de mesures visant à mieux encadrer les marchés financiers après une série de scandales impliquant le système bancaire.

Mark Carney suggère notamment d'étendre les condamnations en justice pour délit d'initié aux activités de courtage d'obligations, de devises et de matières premières (FICC) et de porter la peine maximale pour ces délits à 10 ans de prison.

Autre proposition, les personnes licenciées par des sociétés financières pour malversations ne pourraient plus rejoindre une autre firme sans que leur nouvel employeur ne soit informé de leur dossier.

Mark Carney souhaite également renforcer le contrôle par les dirigeants de sociétés financières de leurs employés.

Les cadres ne seraient cependant pas tenus pour directement responsables de dérapages d'employés sous leur responsabilité, contrairement aux banquiers, ce qui limite l'impact de cette dernière proposition.

"L'âge de l'irresponsabilité est révolu", a déclaré Mark Carney, qui s'est prononcé pour des marchés transparents, "pas des marchés où les transactions se font sur des forums de discussions, pas des marchés où personne n'est responsable de quoi que ce soit". (Juliette Rouillon pour le service français, édité par Véronique Tison et Patrick Vignal)