Zurich (awp) - Lindt & Sprüngli a dépassé en 2017 pour la 1ère fois de son histoire les 4 mrd CHF de chiffre d'affaires. La croissance organique, grevée par une mauvaise performance aux Etats-Unis, s'est établie à 3,7%, nettement en dessous des ambitions de l'entreprise et des attentes du marché. La direction confirme des ambitions à moyen terme jugées irréalistes par plusieurs spécialistes.

Ajustée de Russell Stover, la croissance organique est ressortie à 5,9%, précise le chocolatier de Kilchberg mardi dans un communiqué. La rentabilité devrait s'inscrire dans le cadre des objectifs à long terme de l'entreprise.

Le chiffre d'affaires annuel s'est étoffé de 4,8% pour atteindre 4,088 mrd CHF, une performance que le groupe qualifie de "bonne", au regard de conditions cadre "difficiles", comme la saturation des marchés et la pression croissante sur les prix.

La croissance a été portée par l'accélération des ventes en Europe (+6,2%) et dans le segment Reste du monde (+12,4%). Outre le gain de nouvelles parts de marché, le groupe a crû de manière plus rapide que le secteur dans son ensemble. En outre, il a profité d'effets de change, notamment le renforcement de l'euro, qui devraient se refléter positivement sur les résultats consolidés.

Sur le Vieux Continent, l'évolution des ventes a été particulièrement réjouissante au Royaume-Uni et en Allemagne, mais aussi en Suisse, en France et en Italie, alors que la plupart des petites filiales européennes du groupe ont connu une croissance à deux chiffres.

MARCHÉ US À LA PEINE

Dans la région Amérique du Nord, le recul de 1,6% des ventes aux Etats-Unis a éclipsé la croissance à deux chiffres enregistrée au Canada. La filiale Russel Stover, rachetée en septembre 2014, a souffert de la faiblesse du marché local, ainsi que des difficultés de certains partenaires commerciaux et de la réorganisation de sa gamme de produits.

Dans le segment Reste du monde, la poussée de croissance est le fruit de stratégies différenciées selon les régions: ouverture de points de vente et de cafés au Japon, commerce en ligne en Chine, partenariats de distribution au Brésil.

La copie rendue par Lindt & Sprüngli est légèrement inférieure aux projections des analystes consultés par AWP. Ceux-ci s'attendaient en moyenne à des recettes à hauteur de 4,099 mrd CHF et à une croissance organique de 4,2%.

OBJECTIFS CONFIRMÉS

La direction a indiqué que la croissance de la marge d'exploitation devrait s'inscrire dans le cadre des objectifs stratégiques du groupe - confirmés dans la foulée - à savoir, une croissance organique entre 6-8% et une amélioration de la marge de 20-40 points de base.

Lindt & Sprüngli publiera ses résultats détaillés le 6 mars prochain.

Dans leurs premiers commentaires, les analystes pointent du doigt la contre-performance du groupe aux Etats-Unis. Moteur des ventes par le passé, le marché américain représente plus d'un tiers des ventes du groupe, rappelle la banque Vontobel.

Pour la Banque cantonale de Zurich (ZKB), la surprise vient de la confirmation des ambitions de croissance organique à moyen terme (6-8%), alors que le consensus s'attend d'ores et déjà à une valeur inférieure (5,9%) pour 2018. Le chocolatier zurichois devrait cependant profiter de la baisse du prix des matières premières ainsi que du renforcement de l'euro.

Plus sévère, Baader Helvea déplore que le groupe compense sa faible performance de vente au détriment d'un retour aux détenteurs. Selon le courtier genevois, la direction du groupe "pourrait ne pas être pleinement alignée" avec les intérêts des actionnaires.

Les chiffres présentés par Lindt & Sprüngli n'ont visiblement pas été du goût des investisseurs. A la clôture, le bon de participation a fini en recul de 3,28% à 5755,00 CHF et la nominative a cédé 2,39% à 69'300 CHF, dans un SPI en baisse de 0,64%.

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