(Actualisé avec citations)

par Alan Baldwin

ROSA KHUTOR, Russie, 9 février (Reuters) - L'Autrichien Matthias Mayer, 23 ans, a été sacré champion olympique de descente dimanche sur la rapide et piégeuse piste de Rosa Khutor qui s'est montrée sans pitié pour les ambitions des favoris, le Norvégien Axel Lund Svindal et l'Américain Bode Miller.

Parti avec le dossard numéro 11 et alors que le tracé était encore relativement propre et glissant, Mayer s'est imposé dans le temps de 2'06"23 pour grimper sur la plus haute marche d'un podium largement inattendu.

L'Italien Christof Innerhofer, 30 ans, décroche la médaille d'argent en terminant avec six petits centièmes de seconde de retard tandis que le Norvégien Kjetil Jansrud s'adjuge la médaille de bronze en finissant à 10 centièmes.

Jansrud prive des honneurs son compatriote Axel Lund Svindal, vice-champion olympique de la discipline à Vancouver en 2010, qui se contente de la quatrième place avec un déficit de 29 centièmes.

"Je n'allais pas assez vite et j'ai commis beaucoup d'erreurs", a reconnu Svindal. "J'ai perdu trop de temps et les autres étaient trop rapides. J'ai toujours su que cela ne pouvait pas se jouer seulement entre moi et Bode".

L'Américain Bode Miller, qui avait misé toute sa saison sur ces deux minutes de course, échoue dans sa tentative de devenir à 36 ans le plus vieux champion olympique d'une course alpine.

Lui, qui avait obtenu le bronze en descente à Vancouver et qui partait comme le grand favori après avoir dominé les épreuves d'entraînement, doit se contenter d'une décevante huitième place à 52 centièmes de seconde.

Ce parcours de Rosa Khutor avait cristallisé bien des critiques, il a finalement déjoué bien des pronostics pour livrer un palmarès surprenant.

Héros du jour, Matthias Mayer, fils de Helmut Mayer médaillé d'argent en super-G aux JO de Calgary en 1988, décroche le premier succès de sa carrière professionnelle débutée en 2009.

Les meilleurs résultats de l'Autrichien, spécialiste du super-G comme son père, étaient une deuxième place à Kitzbühel en janvier 2013 et une autre à Beaver Creek en décembre dernier.

"Je me suis souvent approché du podium cette saison en Coupe du monde et je me sentais capable de faire une descente propre ici", a dit Mayer. "Mon père m'avait dit de tout lâcher pour faire une bonne descente".

REVANCHE DANS L'AIR

Cette consécration vient soulager une sélection masculine autrichienne qui avait connu la déroute il y a quatre ans en terminant sans aucune médaille.

Malgré une faute dans la première partie du parcours, Mayer a sur profiter à plein d'une neige encore dure et glissante et d'un tracé peu creusé par le passage des concurrents.

Son succès ne fut que brièvement contesté sur le haut par l'Italien Christof Innerhofer, véritable spécialiste des épreuves de vitesse mais totalement absent des podiums cet hiver. Il concédait du temps dans la seconde partie pour terminer en 2'06"29.

Son dernier succès en Coupe du monde datait de la descente de Garmisch en février 2013, il y a près d'un an. "Winnerhofer", de son surnom, obtient à 29 ans sa première médaille olympique.

Le Norvégien Kjetil Jansrud affichait lui aussi une saison quasiment blanche avant de se présenter dans le portillon de départ, nanti seulement d'une deuxième place dans la descente de Val Gardena (Italie) en décembre.

Médaillé de bronze en géant à Vancouver, Jansrud âgé de 28 ans était comme Mayer et Innerhofer un outsider dans cette discipline reine qui a snobé ses prétendants affirmés.

"Bien sûr, c'est dur. J'étais là pour gagner", a concédé Bode Miller. "Je pensais vraiment avoir une chance. Les conditions étaient un peu différentes de celles de l'entraînement.

"La mauvaise visibilité n'a pas aidé. J'ai simplement essayé d'aller le plus vite possible et j'ai commis quelques erreurs", a ajouté l'Américain.

Il risque d'y avoir de la revanche dans l'air lors du combiné, prochain rendez-vous des épreuves masculines de ski alpin, où Miller devra défendre son titre vendredi.

(Pierre Sérisier pour le service français)