(Ajoute ministre saoudien de l'Intérieur, paragraphe 8)

ISTANBUL/WASHINGTON, 13 octobre (Reuters) - Le président américain Donald Trump a déclaré vendredi qu'il aurait "très bientôt" un entretien téléphonique avec le prince héritier saoudien Mohamed ben Salman à propos de la disparition du journaliste et dissident saoudien Jamal Khashoggi.

"C'est quelque chose de très sérieux et nous nous y intéressons de très près", a dit Donald Trump aux journalistes lors d'un déplacement dans l'Ohio, précisant n'avoir pas encore évoqué l'affaire avec ben Salman.

Une délégation saoudienne est arrivée en Turquie où elle doit prendre part à l'enquête ouverte sur la disparition de Jamal Khashoggi, a-t-on appris auprès de trois sources turques.

De source saoudienne, on précise qu'un haut responsable du royaume, le prince Khaled al Faiçal, s'est rendu jeudi en Turquie pour des discussions. Il a été alors convenu que les deux pays formeraient, à l'initiative de Ryad, une mission d'enquête conjointe.

"Le royaume a pleinement confiance dans les capacités de cette équipe", a par la suite déclaré un porte-parole du royaume cité par l'agence de presse saoudienne SPA.

La présidence turque avait annoncé dès jeudi avoir accepté la proposition de Ryad de former une équipe de travail arabo-turque pour enquêter sur l'évaporation de Jamal Khashoggi qui n'a plus donné signe de vie depuis qu'il s'est rendu le 2 octobre dernier au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul.

Sa fiancée, qui l'attendait à l'extérieur, assure qu'il n'en est jamais ressorti et des sources au sein des services turcs de sécurité pensent qu'il a été tué à l'intérieur du consulat par une équipe d'une quinzaine de Saoudiens repartis le jour même dans leur pays.

L'Arabie saoudite nie toute implication dans le meurtre de Jamal Khashoggi, a déclaré vendredi soir le ministre saoudien de l'Intérieur, cité par l'agence officielle de presse SPA.

Résident américain, Khashoggi travaillait notamment pour le Washington Post et sa disparition a entraîné de vives réactions aux Etats-Unis où un nombre croissant de parlementaires, démocrates et républicains, insistent pour que Washington réexamine ses contrats de vente d'armement à l'Arabie saoudite.

"C'est quelque chose qui rend les gens furieux, à juste titre", a souligné Bob Corker qui préside la commission du Sénat aux affaires étrangères.

"Les Saoudiens vont devoir s'expliquer", a-t-il également déclaré. "Nos relations avec l'Arabie saoudite, au moins du point de vue du Sénat, sont plus bas que jamais. Elles n'ont jamais été aussi mauvaises."

L'hypothèse d'une révision des contrats de ventes d'armes aux Saoudiens, qui doivent être approuvés par le Congrès, a toutefois été balayée jeudi par le président Donald Trump.

"Ils dépensent 110 milliards de dollars en matériel militaire et dans des choses qui créent de l'emploi pour ce pays. Je n'aime pas vraiment l'idée qui consiste à mettre fin à un investissement de 110 milliards de dollars aux Etats-Unis, parce que, vous savez ce qu'ils vont faire ? Il vont prendre cet argent et le dépenser en Russie ou en Chine ou ailleurs", a-t-il dit. (Orhan Coskun et Patricia Zengerle, avec Roberta Rampton; Nicolas Delame et Jean Terzian pour le service français)