Zurich (awp) - En délicatesse avec ses liquidités et à l'orée d'une sévère restructuration, le laboratoire rhénan Idorsia revoit nettement à la baisse ses prétentions à court terme et suspend son objectif de franchissement du seuil de rentabilité à l'horizon 2025. Une nouvelle échéance pour ce faire doit être fixée l'année prochaine. La nouvelle, bien qu'attendue, envoyait l'action visiter de nouveaux abysses.

Dans l'intervalle, la direction laisse entrevoir une perte opérationnelle de 735 millions de francs suisses sur l'exercice en cours, selon la norme comptable US-Gaap.

"Je maintiens notre objectif de devenir un leader biopharmaceutique de taille moyenne et je crois en notre portefeuille innovant ainsi qu'en la science sur laquelle il se base", a déclaré son directeur général (CEO) et fondateur Jean-Paul Clozel, cité dans le compte-rendu à mi-parcours diffusé mardi.

Amorce de réduction des charges

Les recettes engrangées au deuxième trimestre se sont montées à 30 millions de francs suisses, contre 5 millions un an plus tôt. Les charges ont pu être réduites de près de 10% à 207 millions, ce qui s'est traduit par un résultat opérationnel négatif de 177 millions, à comparer au débours de 212 millions essuyé un an plus tôt. La perte nette sur la période a été ramenée de 222 à 193 millions.

Au 30 juin, les liquidités et équivalents, y compris les dépôts bancaires à court terme, avaient fondu à 33 millions de francs suisses, contre 212 millions au bouclement du premier partiel et 466 millions à fin décembre. Idorsia précise qu'elles incluent un apport du nippon Sosei Heptares (10 millions) ainsi qu'un crédit-relais de 20 millions, mais pas les 11 millions de liquidités détenues par les filiales japonaises et coréennes figurant comme "actifs destinés à être cédés".

Les réserves à fin juin n'intégraient encore pas complètement les 400 millions de francs suisses de la transaction convenue début juillet avec Sosei, portant sur l'intégralité des actifs d'Idorsia en Asie - hors de Chine - ainsi que sur le Pivlaz (clazosentan), qui devint en avril 2022 le premier produit commercial du laboratoire d'Allschwil.

La copie rendue par l'émanation de l'ancien fleuron de l'industrie pharmaceutique Actelion s'inscrit légèrement en dessus des projections du consensus AWP.

Revue d'actifs en cours

Les analystes notent que la transaction avec Sosei ne suffira à maintenir l'activité que jusqu'à l'an prochain. "Idorsia présente de surcroît un souci au niveau des recettes (...) il nous faut comprendre comme l'entreprise entend accélérer le lancement du somnifère Quviviq", ajoute Stefan Schneider, de Vontobel.

Son confrère Leonildo Delgado, de Baader Helvea, rappelle de son côté que la direction s'est lancée dans un vaste examen de son portefeuille, susceptible de déboucher sur la suppression de jusqu'à 500 postes de travail, avec pour objectif affiché de réduire de moitié la dépense dès l'an prochain.

A 13h30, la nominative Idorsia cédait encore 8,4% à 6,245 francs suisses, après avoir lâché plus de 15% dans la matinée et dans un SPI en hausse de 0,15%.

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