Dans une interview au quotidien Augsburger Allgemeine de mardi, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble avait révélé avoir pris la décision de principe de payer pour des informations concernant ses compatriotes potentiellement coupables d'évasion fiscale.

Le lendemain, la Suisse, où la communauté bancaire s'est émue de cette décision, a affirmé qu'elle ne coopérerait pas avec l'Allemagne sur la base de données volées à ses banques, mais qu'elle espérait conclure un nouvel accord fiscal avec Berlin d'ici fin mars.

Dans une autre interview, publiée samedi par le quotidien Süddeutsche Zeitung, Schäuble affirme tout de go que le secret bancaire dont se prévaut la Suisse est dépassé au XXIe siècle et devrait être aboli. "Il n'y a pas d'avenir pour le secret bancaire. C'est fini. Il a fait son temps."

L'Allemagne a déjà acheté en 2008 des données volées à la banque LGT du Liechtenstein, ce qui avait obligé la principauté à enfreindre ses règles en matière de secret bancaire.

D'autres gouvernements européens font pression sur Berne sur ce terrain. La Belgique, les Pays-Bas et l'Autriche chercheraient ainsi à obtenir du gouvernement allemand des copies de données bancaires suisses dérobées.

La semaine dernière, le ministre suisse des Finances Hans-Rudolf Merz a indiqué que Berne et Paris étaient en voie de régler un différend bilatéral sur l'utilisation de données volées à la filiale helvétique de la banque HSBC.

La Suisse a suspendu en décembre la ratification d'un accord de coopération fiscale avec Paris en signe de protestation contre l'initiative des autorités françaises.

Erik Kirschbaum, version française Philippe Bas-Raberin et Marc Delteil