(Actualisé avec proposition de règlement)

par James Pomfret et John Ruwitch

CANTON, Chine, 8 janvier (Reuters) - Le nouveau chef du Parti communiste de la province du Guangdong, Hu Chunhua, est intervenu mardi comme médiateur dans le conflit autour d'un hebdomadaire réformiste censuré par les autorités, a-t-on appris auprès d'un responsable du parti dans la région.

Hu Chunhua, étoile montante du PCC nommé le mois dernier à la tête de cette province du sud de la Chine, a offert une solution pour régler le conflit qui a conduit plusieurs employés du Nafang Zhoumo (Southern Weekly) à se mettre en grève.

Pour la deuxième journée consécutive, une foule s'est rassemblée mardi devant le siège du journal, perçu comme un îlot d'indépendance et de journalisme d'investigation dans un paysage médiatique fortement contrôlé par le Parti communiste.

Ces manifestants sont mobilisés depuis que des journalistes de l'hebdomadaire ont accusé la semaine dernière les services de la censure d'avoir remplacé un éditorial du Nouvel An appelant à une libéralisation politique du régime par un article célébrant les réalisations du PCC.

De source proche de son parti, on dit que Hu Chunhua a proposé que les journalistes mettent fin à leur grève, que le journal paraisse comme prévu cette semaine et qu'il n'y ait aucune sanction contre la plupart des personnels impliqués.

MARGE DE MANOEUVRE

Deux sources proches de la rédaction du Nafang Zhoumo ont indiqué que les journalistes reprendraient le travail mercredi et que les autorités de censure avaient accepté à l'avenir de leur accorder une plus grande marge de manoeuvre, ce que les reporters considèrent comme une victoire.

Le rédacteur en chef du journal, Huang Can, serait également limogé, selon les trois sources déjà citées.

Des appels à la démission visent également sur internet le chef de la propagande de Canton, Tuo Zhen, l'un des acteurs clés de la querelle. Selon la source proche du PCC, Hu Chunhua a laissé entendre que ce responsable pourrait être un jour écarté, mais pas dans l'immédiat afin de sauver la face.

Cette affaire, qui déchaîne les passions sur les réseaux sociaux sur internet en Chine, devrait fournir des indications sur l'orientation du nouveau pouvoir chinois, désormais emmené par Xi Jinping, nommé en novembre à la tête du PCC.

Canton est la capitale de la province du Guangdong, berceau dans les années 1980 des réformes économiques qui ont propulsé la Chine au rang de deuxième puissance économique mondiale en trois décennies.

Dans un éditorial repris par plusieurs journaux de la province du Guangdong, mais par aucun du Southern Media Group (propriétaire du Southern Weekly), le Global Times, contrôlé par le pouvoir, accuse pour sa part des forces étrangères et des opposants d'attiser le mouvement de protestation.

Ce journal ajoute que la Chine n'est pas prête pour une réforme radicale des médias. (Avec Sui-Lee Wee, Bertrand Boucey et Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Gilles Trequesser)