par Ben Hirschler et Lisa Richwine

A Londres, l'Agence européenne des médicaments a ouvert une nouvelle étude sur les risques et les bienfaits du médicament, tandis que les experts américains doivent se pencher la semaine prochaine sur sa innocuité d'un point de vue cardiovasculaire.

Avant même cette réunion des experts les 13 et 14 juillet, un responsable de la Food and Drug Administration (FDA) américaine a critiqué une étude clinique cruciale de Glaxo sur l'Avandia, jugeant que le risque véritable de crise cardiaque pourrait être supérieur à celui avancé par cette étude.

L'Avandia fut un temps le deuxième médicament de Glaxo en termes de ventes mais elles ont sensiblement diminué depuis trois ans, lorsque les premières difficultés concernant les effets secondaires se sont manifestées.

Le chiffre d'affaires a totalisé 771 millions de livres (921 millions d'euros) en 2009, soit 2,7% du chiffre d'affaires du groupe Glaxo.

Mais ce qui inquiète les investisseurs, ce sont les actions en justice. Les craintes d'effets secondaires nuisibles sur le c?ur ont débouché sur une vague de procès aux Etats-Unis. Les dernières critiques des autorités apportent de l'eau au moulin des plaignants.

Les experts britannique et américains vont devoir se plonger dans de très nombreuses études cliniques, ayant leurs propres forces et carences et donnant des conclusions contradictoires sur le médicament.

"Il n'y a pas unanimité parfaite au sein de la FDA quant à l'interprétation de ces données", a déclaré à la presse le docteur Janet Woodcock, l'une des responsables de la FDA.

TROIS ANS DE POLEMIQUE

Le médicament est devenu objet de polémique en 2007, quand des chercheurs américains ont lié l'Avandia à une probabilité plus élevée de crise cardiaque. Un comité a pris acte, cette année, de ces conclusions pour certains patients, tout en ne préconisant pas le retrait du traitement.

Des experts européens ont conclu eux aussi, au terme de plusieurs études dont la dernière ne remonte qu'au début de l'année, que, tout bien considéré, les avantages l'emportaient sur les inconvénients.

Mais l'Agence européenne des médicaments veut se faire son propre jugement, après analyse de toutes les données disponibles, et décider s'il y a lieu d'annuler l'homologation de l'Avandia, de la suspendre ou de la modifier.

Des experts du Comité des produits médicinaux à usage humain (CHMP), une émanation de l'agence, évoqueront le dossier lors de leur prochaine réunion à Londres du 19 au 22 juillet.

L'action Glaxo a terminé inchangée à 11,42 livres, alors qu'elle était en recul en séance.

Pour Glaxo, persuader médecins et patients de prendre l'Avandia est un véritable parcours du combattant, après un rapport très critique publié en février par le Sénat américain et deux récentes études très critiques.

Dans l'une des études, le docteur Steven Nissen, de la Cleveland Clinic (Ohio), étaye encore plus son analyse de 2007 qui la première avançait le risque de crise cardiaque.

L'autre étude, menée par le docteur David Graham de la FDA et d'autres, conclut que l'Avandia est plus dangereux pour le c?ur que l'Actos, un traitement équivalent mis au point par le japonais Takeda Pharmaceutical.

Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Danielle Rouquié