La roche tarpéienne est proche du Capitole. Porté aux nues ces derniers mois, le secteur des biotechs accuse depuis cinq séances une sévère vague de prises de bénéfices. En repli de 10,6% à 21,28 euros, Genfit enregistre la plus forte baisse du SBF120 ce matin. Depuis la clôture du 13 janvier, la société française qui développe actuellement un traitement expérimental prometteur (l'Elafibranor) contre la maladie de NASH (cirrhose non alcoolique) a vu sa capitalisation fondre de 30% à environ 500 millions d'euros. Et depuis la mi-novembre, la chute est plus impressionnante encore : -50% !

Genfit n'est pas la seule valeur à vivre pareille mésaventure. DBV Technologies décroche ce matin de 9,81% et de 24% en cinq séances pour coter 42,66 euros, bien loin de son plus haut historique de 83,48 euros atteint cet été.

Adocia non plus n'est pas épargné. Le titre cède actuellement plus de 6% à 52,40 euros et 22% en cinq séances. Pour cette biotech lyonnaise spécialisée dans le diabète aussi, le sommet de 94,24 euros atteint l'été dernier paraît de l'histoire ancienne.

Ces valeurs souffrent du regain d'aversion pour le risque des investisseurs. Face à la forte volatilité des marchés actions, les opérateurs fuient les valeurs jugées les plus risquées. Cette tendance n'est pas propre à la France. Aux Etats-Unis, paradis des biotechs, l'indice de référence Nasdaq Biotech a terminé hier soir la séance à 2 908 points, en baisse de 2,17%. Depuis son pic historique atteint fin juillet 2015 de 4 165 points, il a chuté de 30,2%. Même bilan pour son homologue européen Next Biotech qui a flanché de 27% entre début août et hier soir.

Le potentiel de ces biotechs françaises n'est pas en doute. Elles dévoilent régulièrement des études très encourageantes entretenant l'engouement des investisseurs. Mais dans ce contexte boursier incertain, certains analystes jugent le secteur largement valorisé tant aux Etats-Unis qu'en Europe et recommandent de passer la main.

D'autant que le parcours boursier de Genfit, DBV Technologies et Adocia est, plus que d'autres, lié à Wall Street.

Ces trois groupes ont le point commun de développer des traitements contre des maladies très répandues outre-Atlantique : cirrhose causée par l'obésité pour Genfit, allergie aux cacahouètes pour DBV et diabète pour Adocia.

Pas étonnant donc que les investisseurs institutionnels américains, par ailleurs plus habitués aux biotechs que leurs homologues européens, aient jeté leur dévolu sur nos stars françaises du secteur. Genfit et Adocia, qui envisagent une introduction sur le Nasdaq, ont levé via des placements privés de nombreux fonds auprès d'investisseurs américains. DBV, elle, a sauté le pas en fin d'année 2014 en s'introduisant directement sur le Nasdaq avec un certain succès. Si l'action accuse une baisse de 10% depuis une semaine, elle affiche une progression de 10,8% depuis un an.

Pas sûr cependant que Genfit et Adocia emboîtent le pas à DBV Technologies à court terme. Face au vent mauvais qui souffle sur le secteur, il semble urgent d'attendre avant de vivre son rêve américain.

Valeurs citées dans l'article : Genfit, Adocia, DBV technologies