* L'Etat prend la main pour discuter directement avec Ford

* Etat, élus locaux et salariés sur la même ligne

* Inquiétudes à l'approche de l'échéance de l'accord-cadre de 2013

PARIS, 2 mars (Reuters) - Le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a affiché vendredi sa détermination à ce que l'activité de l'usine Ford de Blanquefort (Gironde) soit pérennisée, après le refus du groupe américain de réinvestir sur le site.

A l'issue d'une réunion avec les élus locaux et les représentants des salariés à Bercy, Bruno Le Maire a annoncé lors d'un point presse la création "d'un groupe de travail restreint au niveau de l'Etat".

Ce groupe de travail sera représenté par le délégué interministériel à la restructuration industrielle Jean-Pierre Floris, "qui discutera directement avec les représentants de Ford du volume de production, du type de production, que Ford entend maintenir dans les mois qui viennent sur le site de Blanquefort", près de Bordeaux.

Le ministre compte également s'entretenir avec le directeur Europe de Ford "dans le jours qui viennent (...) pour "connaître exactement ses intentions sur le site".

Le constructeur américain a annoncé mardi que son établissement girondin, Ford Aquitaine Industries (FAI), n'accueillerait finalement pas la fabrication d'une nouvelle boîte de vitesses, une décision susceptible de menacer l'avenir de l'usine, qui compte 910 salariés.

"Ford doit comprendre que la détermination de l'Etat, des élus locaux, des salariés, à maintenir l'activité sur ce beau site de Blanquefort, elle est totale", a déclaré Bruno Le Maire.

Il a dit attendre du constructeur américain "qu'il maintienne son engagement industriel sur le site", en rappelant que l'Etat et la région lui avaient "apporté des aides financières importantes".

12 MILLIONS D'EUROS D'AIDES

En mai 2013, les dirigeants de Ford Europe et les pouvoirs publics avaient signé un accord-cadre d'une durée de cinq ans apportant 12 millions d'euros d'aides au site pour maintenir ses effectifs au même niveau.

Un comité de suivi sur cet accord doit se tenir vendredi 9 mars en début d'après-midi à la préfecture de Gironde, salariés et autorités entendant obtenir à cette occasion des précisions sur la production que le groupe entend maintenir à Blanquefort au-delà de l'échéance de cet accord, à la fin mai.

"Nous voulons des engagements précis sur le plan de charge qui assurera la pérennité de l'entreprise jusqu'à la fin 2019", a dit à la presse Alain Juppé, maire (Les Républicains) de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole .

"Nous sommes tous déterminés à mettre Ford devant ses responsabilités", a-t-il ajouté en évoquant des "interlocuteurs qui ne jouent pas véritablement le jeu" du côté du constructeur automobile.

Le président (PS) du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, a quant à lui souligné "des possibilités de diversification des activités de Ford sur Blanquefort-Bordeaux qui sont exceptionnelles" du fait du dynamisme de l'activité au niveau local.

"Evidemment on ne va pas rester sur des boîtes de vitesse qui sont obsolètes et qui n'entrent plus que dans des véhicules d'occasion", a-t-il souligné.

Pour les syndicats, il est urgent de dissiper les menaces sur le maintien de l'activité.

"Aujourd'hui on est très inquiets, si on n'a pas de volumes supplémentaires rapidement on risque d'avoir des difficultés à employer tout le monde", a déclaré Gilles Lambersend, secrétaire CGT du comité entreprise de FAI.

Selon lui, "la décision la plus urgente c'est d'avoir des volumes supplémentaires pour les produits que l'on fait actuellement et ensuite, en parallèle, il faut absolument que Ford revoie sa copie et nous trouve un produit - qu'il a largement - pour pouvoir investir à Bordeaux". (Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)