Paris (awp/afp) - Le géant mondial des verres ophtalmiques, le français Essilor, a abaissé mardi ses prévisions annuelles pour la deuxième fois depuis juillet, entraînant la dégringolade de son action à la Bourse de Paris.

Habituellement considérée comme une valeur refuge du CAC 40, l'action Essilor s'enfonçait de 7,14% vers 11H40 (10H40 GMT) à 94,53 euros dans un marché en hausse de 0,77%.

Le groupe a ramené "autour de 3,5%" son objectif annuel de croissance interne de son chiffre d'affaires, qu'il avait déjà revu aux alentours de 4,5% en juillet après un deuxième trimestre pénalisé par une mauvaise saison de l'activité de verres solaires.

Et cette fois-ci encore, le marché nord-américain, où Essilor réalise 45% de ses ventes, joue les trouble-fête.

Le groupe explique dans un communiqué être confronté à un "ralentissement conjoncturel du marché de l'optique ophtalmique" dans plusieurs zones géographiques "dont les Etats-Unis, premier marché du groupe", et admet des performances moins bonnes qu'escompté en octobre.

Cette prévision de croissance organique (c'est-à-dire hors effets de change et acquisitions) plus faible qu'attendu, combinée à l'impact des acquisitions, va entraîner une diminution de la rentabilité.

Essilor prévient ainsi que sa marge opérationnelle courante sera de 18,5% cette année, contre 18,8% initialement.

"PAS UNE GROSSE SURPRISE"

Pour les analystes d'Aurel BGC, "ce n'est pas une grosse surprise".

"La baisse du titre ces dernières semaines provient initialement de la publication du chiffre d'affaires trimestriel en octobre, lorsque le groupe avait prévenu" qu'il restait "+mobilisé pour obtenir des résultats aussi proches que possible de ses objectifs annuels+, ce que le marché avait pris comme un avertissement déguisé", ont-ils souligné.

En octobre, le titre avait chuté de plus de 5% lorsque le PDG Hubert Sagnières avait précisé que l'objectif de croissance organique du chiffre d'affaires resterait "proche" mais en dessous de 4,5%, et que la performance dépendrait du marché américain de l'optique au quatrième trimestre.

Or, le rebond n'est pas au rendez-vous aux Etats-Unis, où Essilor a racheté en 2014 Transitions Optical, fabricant de verres photochromiques (qui foncent en mesure de l'intensité de la lumière) pour 1,73 milliard de dollars. Cette société avait vu certaines commandes importantes du deuxième trimestre lui échapper au profit de fabricants concurrents.

"Les ventes n'ont pas repris aussi vite qu'on l'espérait, mais on compte sur une reprise car les achats de lunettes ne peuvent pas être différés éternellement", souligne une porte-parole d'Essilor, insistant sur le caractère "conjoncturel" de ce report des achats.

"CONFIANT"

Pour 2017 et au-delà, le groupe compte "poursuivre sa stratégie de croissance dans les verres de prescription, le solaire et les ventes par internet", selon le communiqué.

Il se dit "confiant dans sa capacité à saisir les nombreuses opportunités de développement offertes par le marché de l'optique où la demande repose sur des fondamentaux solides et pérennes", annonçant d'emblée se renforcer en Chine en prenant le contrôle de deux sociétés d'optique.

Essilor a acquis ainsi 50% du capital de Photosynthesis Group, une société basée à Hong-Kong qui commercialise des lunettes de soleil et des lunettes correctrices sous plusieurs enseignes, via un réseau de magasins franchisés situés dans des centres commerciaux en Chine.

Cette opération lui permet "de se renforcer sur le segment prometteur du solaire".

Essilor a également signé un accord en vue d'une prise de participation de 55% dans Jiangsu Creasky Optical, un producteur et distributeur de verres ophtalmiques milieu de gamme qui emploie plus de 300 personnes et sert principalement le marché domestique.

Les montants de ces transactions n'ont pas été divulgués.

"Ces partenariats confirment la forte dynamique d'acquisition du groupe en 2016, qui devrait se matérialiser par un effet de périmètre autour de 4%", indique le communiqué.

En 2015, deux des 19 acquisitions effectuées par Essilor ont été réalisées aux Etats-Unis.

Au 29 juillet 2016, 11 acquisitions ont été réalisées, dont 5 aux Etats-Unis.

afp/jh