(Actualisé avec contexte, autres dispositions)

par Marie-Louise Gumuchian et Ron Bousso

TRIPOLI/LONDRES, 18 janvier (Reuters) - La Libye a annoncé vendredi le renforcement des mesures de sécurité autour de ses installations pétrolières et gazières à la suite de la prise d'otages dans le complexe gazier algérien de Tiguentourine, à In Amenas, près de la frontière libyenne.

Cette prise d'otages et la recommandation lancée par le commando aux Algériens de rester éloignés des lieux où travaillent des étrangers, ont également déclenché le départ massif d'expatriés des sites de production d'hydrocarbures algériens.

En Egypte, aucune mesure spécifique n'a pour l'instant été prise mais les sociétés égyptiennes se disent attentives à l'évolution de la situation.

La Libye et l'Algérie sont les troisième et quatrième producteurs de pétrole en Afrique. La Libye détient en outre les plus grosses réserves d'Afrique. Les deux pays, ainsi que l'Egypte, sont d'importants fournisseurs de gaz pour l'Europe. Les budgets des trois pays sont très dépendants des devises tirées de l'exploitation de leurs ressources énergétiques.

La force libyenne chargée de la protection des installations pétrolières, qui dépend du ministère de la Défense, souligne qu'il n'y a pas eu à sa connaissance d'incursions sur ses sites pétroliers où les effectifs affectés à la sécurité ont été renforcés et les patrouilles intensifiées.

"En raison des événements en cours dans la région, la Garde des installations pétrolières a pris une série de mesures pour augmenter et renforcer la protection des champs pétrolifères, des installations et des employés dans l'ouest et le sud de la Libye", indique cet organisme officiel, mis en place avec le renversement de Mouammar Kadhafi en 2011.

Le président de la compagnie pétrolière publique libyenne (NOC), Nouri Berrouiène, a confirmé que la sécurité des gisements près de la frontière algérienne avait été renforcée.

BP qui co-exploite le site de Tiguentourine avec la compagnie nationale algérienne, la Sonatrach, et le norvégien Statoil, a annoncé vendredi que plusieurs centaines d'employés de compagnies pétrolières étrangères avaient été évacués d'Algérie après la prise d'otages d'In Amenas et que beaucoup d'autres le seraient prochainement.

Selon des spécialistes, il pourrait y avoir d'autres évacuations de ce genre dans d'autres pays d'Afrique du Nord.

Selon Crispin Hawes, de la société de consultants Eurasia, l'exode des expatriés pourrait retarder certains projets mais de grosses interruptions sont peu probables parce que les principaux gisements du Sud algérien, comme Hassi Messaoud, sont "extrêmement sécurisés".

A la Sonatrach, on indique que la sécurité a été renforcée à Hassi Messaoud. Le site est situé à 900 km d'In Aménas.

L'espagnol Cepsa, qui exploite un important site pétrolier à Ourhoud à 300 km au nord d'In Aménas, a fait savoir jeudi qu'il avait pris la décision d'évacuer le personnel vers le centre de l'Algérie.

Carte des sites algériens :

http://www.mem-algeria.org/fr/hydrocarbures/hydrocarbon_map.jpg (Marie-Louise Gumuchian, Pascal Liétout et Danielle Rouquié pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : BP plc, Statoil ASA