17 janvier (Reuters) - Les islamistes qui retiennent en otage depuis mercredi matin les employés d'un site gazier dans le Sahara algérien ont indiqué au personnel local qu'ils ne s'en prendraient pas aux musulmans mais qu'ils tueraient les otages "chrétiens et infidèles", raconte un Algérien ayant réussi à s'échapper.

Selon le témoignage de cet homme, un employé du complexe de Tigantourine originaire de la région, les activistes semblent avoir une bonne connaissance de la configuration des lieux et emploient le vocabulaire de l'islamisme radical.

"Les terroristes nous ont dit au tout début qu'ils ne feraient pas de mal aux musulmans et qu'ils n'étaient intéressés que par les chrétiens et les infidèles", a déclaré Abdelkader, 53 ans, joint par Reuters au téléphone chez lui à In Amenas, localité voisine du complexe gazier. "Nous les tuerons, ont-ils dit."

La voix tremblante d'émotion, Abdelkader explique qu'il est parvenu à s'échapper en même temps qu'une bonne partie des Algériens retenus.

"J'ai de la chance", estime-t-il. En arrière-plan, on entend le son de la voix de ses enfants qui jouent et le son de la télévision diffusant les dernières nouvelles.

Il a souhaité que son nom de famille ne soit pas diffusé.

"Je suis encore sous le choc et stressé", souligne-t-il. Il dit craindre qu'un grand nombre de ses collègues étrangers ne soient morts.

"Les terroristes semblaient connaître très bien la base", dit-il. "Se déplaçant, montrant qu'ils savaient où ils allaient."

Les ravisseurs, membres de la "Katiba des Moulathamine", issue d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), réclament la fin de l'intervention française au Mali.

L'opération de l'armée algérienne pour mettre fin au siège semblait se poursuivre jeudi soir. Vingt-cinq otages étrangers se sont échappés et six ont été tués, a-t-on appris de sources algériennes.

Mercredi, les ravisseurs ont fait savoir qu'il détenaient 41 étrangers - des Américains, des Japonais et des Européens. (Lamine Chikhi; Danielle Rouquié pour le service français)

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