par Ellis Mnyandu

L'irruption des inquiétudes pesant sur les obligations d'Etat de certains pays membres de la zone euro a relégué à l'arrière plan la saison des résultats et les efforts déployés pour soutenir une reprise naissante mais fragile, tout en sapant la confiance à l'égard des pays utilisant la monnaie unique européenne.

Les incursions du Dow Jones sous la barre des 10.000 points la semaine dernière, alors que le S&P 500 affichait un recul de 7,3% par rapport à un plus haut de clôture atteint le 19 janvier, incitent les investisseurs et les analystes à se demander si le rally entamé il y a un peu moins d'un an n'a pas trouvé son terme.

"Je fais partie de ceux qui pensent que nous sommes dans une période de correction. L'humeur sur le court terme est négative", commente Eric Kuby, chef investisseur chez NorthStar Investment Management.

"La tendance générale au cours des neuf derniers mois était haussière, mais là, l'enthousiasme est retombé et c'est difficile pour les marchés d'aller de l'avant."

La semaine qui s'ouvre sera marquée par la publication d'une série d'indicateurs, dont celles des ventes au détail, des stocks des entreprises et des inscriptions hebdomadaires au chômage. Ces trois statistiques suivront celles du déficit commercial américain et précéderont l'indicateur Reuters/Université du Michigan.

Les marchés continueront de scruter avec attention les résultats distillés cette semaine. Sont notamment attendus ceux de Walt Disney, Coca-Cola, CVS, PepsiCo, Hasbro ou encore Electronic Arts.

Une attention toute particulière sera apportée à l'audition mercredi du président de la Réserve fédérale Ben Bernanke qui s'exprimera devant la Commission des Services financiers de la Chambre des représentants sur le calendrier du débouclage des mesures de soutien à l'économie mises en place par la Fed.

PAS DE PRISONNIERS

Les investisseurs avaient parié que le début 2010 verrait une accélération de la reprise, mais leur optimisme a été douché par la fragilité des marchés de l'emploi et par les craintes d'une contagion des difficultés budgétaires grecques, portugaises et espagnoles.

Ces craintes se sont traduites par un repli de l'euro contre le dollar, favorisé qui plus est par un phénomène d'aversion au risque.

"On ne fait pas de prisonniers sur les marchés. On ne sépare pas les événements les uns des autres et les derniers développements sont perçus comme une contagion", note John Praveen de Prudential Investment Advisers.

"On ne sait pas si cela va s'arrêter à l'Europe ou si la correction est arrivée à son terme."

Aux inquiétudes pesant sur la dette souveraine de certains membres de la zone euro, viennent s'ajouter les incertitudes nées de la volonté affichée par le président Barack Obama qui a durci le ton ces derniers temps, promettant d'encadrer plus sévèrement l'activité des banques et de poursuivre la réforme de l'assurance maladie.

La publication la semaine dernière des chiffres mensuels de l'emploi américain est venue elle aussi semer le doute, la première économie ayant contre toute attente détruit 20.000 postes en janvier.

CORRECTION ATTENDUE

S'il est clair que la confiance n'est plus tout à fait de mise sur les marchés, personne ne pourra dire que la correction visible ces derniers temps est une surprise et la vraie question qui domine est celle de savoir combien de temps elle durera.

Si les précédentes corrections, opérées en juillet en octobre 2009, ne donnent aucune indication claire, les investisseurs ne cessent pas pour autant de scruter le marché à la recherche d'opportunités.

Le rebond de dernière heure affiché vendredi par les trois principaux indicateurs new-yorkais a montré que les valeurs technologiques semblaient préservées de la vague de déprime qui s'est emparée des investisseurs. Par ailleurs, nombre d'entre eux jugent que la correction est justifiée et qu'à toute chose malheur est bon.

"Les corrections ressemblent aux régimes. Elles ne sont jamais vraiment agréables, on les redoute, mais à la fin de l'année, on a l'air mieux et on se sent bien", souligne Ron Florence de Wells Fargo Private Bank.

Version française Nicolas Delame