TRENTE (Italie), 5 juin (Reuters) - Les exigences excessives de fonds propres peuvent avoir un effet boomerang, a dit samedi le ministre italien de l'Economie, défendant une proposition franco-italien de plafonnement du montant des réserves que les banques de la zone euro doivent avoir mis de coté pour pouvoir bénéficier d'un sauvetage.

Les règles en vigueur depuis le début de l'année imposent aux banques de la zone euro d'avoir un minimum de fonds propres et de réserves supplémentaires dites MREL (minimum requirement for own funds and eligible liabilities, soit exigence minimale de fonds propres et passifs exigibles) pour pouvoir accéder au fonds de sauvetage européen financé par les banques en cas de défaut de paiement, et éviter ainsi une mise en liquidation.

Dans un document auquel Reuters à eu accès, Paris et Rome ont remis en question la rationalité de l'introduction d'un plancher de MREL et ont appelé à fixer plutôt un plafond, qui ne dépasserait pas 8% de la dette de la banque concernée.

Le ministre italien de l'Economie Pier Carlo Padoan a dit, lors d'une conférence économique qui s'est tenue samedi à Trente, qu'il y avait un risque qu'il soit demandé aux banques de lever trop de capitaux, trop rapidement, ce qui pourrait les fragiliser si les conditions de marché sont difficiles.

"Au lieu d'avoir des banques plus fortes, on se retrouve avec des établissements plus faibles", a-t-il dit.

"L'initiative franco-italienne à ce stade très délicat de la création de l'union bancaire est une voix appelant à la prudence. Nous allons tous dans la même direction; vers un système bancaire plus fort, faisons-le au bon rythme, n'exagérons pas s'il vous plaît."

Après la crise de la dette en zone euro, les Etats membres de l'UE ont lancé le projet de mettre en place une union bancaire visant à renforcer la stabilité financière du secteur, mais ils ne l'ont pas encore mené à bien.

L'Allemagne résiste à la création d'un système de garantie des dépôts, considéré comme le chaînon manquant.

"Si nous n'acceptons pas le partage des risques, pourquoi perdre notre temps avec l'euro?", a dit Pier Carlo Padoan. (Valentina Za, Juliette Rouillon pour le service français)