par Gilles Guillaume

Le conseil d'administration du groupe de BTP et de concessions a opté pour une transition en deux temps, comme chez Saint-Gobain ou Vinci.

A la tête de la division construction grands projets de Vinci depuis 2005, Pierre Berger deviendra d'abord directeur général délégué début 2011, puis directeur général à partir du second semestre, tandis que le PDG Jean-François Roverato, à la tête d'Eiffage depuis plus de 20 ans, conservera la présidence non exécutive du groupe.

"Je suis très content de la décision prise par le conseil, sur ma proposition, et je précise que l'ensemble des actionnaires souhaitait la venue de Pierre Berger dans le groupe, donc c'est un souhait partagé", a déclaré Jean-François Roverato à Reuters par téléphone.

Les deux principaux actionnaires d'Eiffage sont les salariés du groupe, qui détiennent 26,3% du capital, suivis du Fonds stratégique d'investissement (FSI), présent à hauteur de 20%.

"Le 1er juillet, je ne serai plus directeur général et je resterai donc président non exécutif pour une durée qui ne sera pas inférieure à quelques mois, et qui ne sera pas supérieure à 14 mois, limite statutaire", a-t-il ajouté.

Dans une interview au journal La Tribune, il a souligné que la priorité à court terme pour son successeur serait de "redresser les marges" du groupe qui devrait réaliser sur l'ensemble de 2010 un chiffre d'affaires "très proche" de la prévision de 13,3 milliards d'euros qui avait été communiquée au début de l'exercice.

"Malgré la crise, nous n'avons pas interrompu les recrutements. Le chiffre d'affaires est stable et le carnet de commandes se redresse doucement mais régulièrement", a-t-il expliqué, écartant par ailleurs formellement l'hypothèse d'un rapprochement avec Vinci, qui serait, selon lui, jugé inacceptable par les autorités de la concurrence comme par les pouvoirs publics.

ÉVITER LE PRÉCÉDENT BENOIT HEITZ

Jean-François Roverato, qui a créé Eiffage en ajoutant plusieurs sociétés à l'ancien groupe Fougerolle, a été reconduit dans ses fonctions en avril dernier pour une durée d'un an renouvelable. Il peut encore être réélu deux fois, jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge de 68 ans.

Peu pressé de passer la main, il avait consenti au printemps à lancer à nouveau le processus de sa succession. Son choix s'est porté sur le plus jeune des postulants présumés - Pierre Berger a 42 ans - et sur un homme du sérail, diplômé comme lui de Polytechnique et des Ponts et Chaussées.

Pierre Berger faisait figure de favori et Jean-François Roverato a précisé qu'à l'ouverture du conseil, il était l'unique candidat encore en lice.

"Le FSI se félicite de la nomination d'un directeur général car c'est un premier pas très important", a déclaré à Reuters un porte-parole du Fonds stratégique d'investissement. "Néanmoins, il faut maintenant accélérer et clarifier le calendrier pour assurer la réussite de cette succession."

Les tenants de l'accélération aimeraient voir Pierre Berger prendre la direction générale dès la prochaine assemblée générale, programmée le 20 avril prochain, sans attendre la date du 1er juillet. Ceux-ci n'ont pas oublié le précédent Benoît Heitz et redoutent que l'histoire se répète avec Pierre Berger.

Un temps directeur général d'Eiffage lui aussi, et dauphin pressenti de Jean-François Roverato, Benoît Heitz avait démissionné du groupe fin 2007, officiellement "pour convenance personnelle". Mais la presse de l'époque avait expliqué ce départ par la décision de Jean-François Roverato de récupérer la direction opérationnelle d'Eiffage.

L'action Eiffage a clôturé mercredi en hausse de 1,41% à 35,20 euros, surperformant l'indice sectoriel européen DJ Stoxx qui a fini la journée sur une note stable (-0,06%).

Avec Julien Ponthus et Gwénaelle Barzic, édité par Benoît Van Overstraeten