présidentielle volée

Actualisé avec autre message d'un présentateur de Fox News contre Trump, rappels sur la relation entre News Corp et l'ancien président Mention PHOTO ARCHIVES

NEW YORK (awp/afp) - "Fou" et "préjudiciable": c'est l'attaque que Rupert Murdoch, magnat de médias conservateurs comme Fox News, avait lancée fin 2020 contre le camp de Donald Trump qui affirmait que la présidentielle américaine lui avait été volée par Joe Biden.

Cela fait déjà quelques années que la lune de miel a pris fin entre les trumpistes et la pépite Fox News de l'empire News Corporation du milliardaire australo-américain de 91 ans Rupert Murdoch, très prisée des conservateurs et de la droite aux Etats-Unis.

Mais le dossier complet d'une plainte de 2021 pour diffamation contre Fox News, intentée par un fabricant de machines électroniques de vote, Dominion Voting Systems, vient éclairer avec force détails et témoignages une relation Trump/Murdoch qui semble avoir tourné au vinaigre.

Selon ce document judiciaire de 192 pages daté de janvier 2022 mais rendu public seulement jeudi par la justice de l'Etat du Delaware (nord-est), Rupert Murdoch avait commencé dès novembre 2020 à lancer des piques contre le camp Trump, dans des messages à ses dirigeants de Fox News. Alors même qu'à l'antenne, les assertions contestant l'élection de Biden, le 7 novembre 2020, faisaient florès sur les plateaux.

Trump moqué

Dans le privé, des animateurs vedettes de Fox, comme Tucker Carlson et Laura Ingraham, réputés pour leur positionnement conservateur, se moquaient même du président républicain Trump, élu en novembre 2016, mais battu quatre ans plus tard par le démocrate Joe Biden.

Ces révélations, dont une partie était connue, sont tirées du dossier de la plainte en diffamation déposée en mars 2021, pour laquelle l'entreprise Dominion réclame 1,6 milliard de dollars de dédommagement.

Ce fabricant s'estime diffamé par Fox News qui affirmait que ses machines électroniques de vote avaient servi à fausser les résultats en plusieurs endroits des Etats-Unis et même, par le passé, au Venezuela, en faveur du président aujourd'hui décédé Hugo Chavez.

Mais lorsque les conseillers de Trump, Rudy Giuliani et Sidney Powell, dénoncèrent devant la presse une prétendue fraude à grande échelle, Murdoch écrivit aussitôt à la patronne de Fox News Media, Suzanne Scott.

Dans ce courriel intitulé "En train de regarder Giuliani!", Murdoch qualifie l'intervention des trumpistes de "truc vraiment fou. Et dommageable", selon le document judiciaire. Le fondateur de News Corporation écrit encore: "Un truc terrible, préjudiciable à tout le monde, j'en ai peur".

Trump "démoniaque"

Des échanges entre commentateurs de Fox ont aussi été rendus publics: Carlson confie ainsi à Ingraham que la conseillère trumpiste "Sidney Powell est une menteuse".

"Je l'ai prise en flagrant délit, c'est insensé", écrit-il, Ingraham lui répondant que "Sidney est complètement dingue" et que "personne ne travaillera (plus) avec elle".

Le très droitier présentateur Sean Hannity trouve aussi dans un message que "Rudy (Giuliani) se comporte comme quelqu'un d'insensé".

Il faut dire que Fox News avait déclenché l'ire des trumpistes en ayant été le premier média, le soir du 7 novembre 2020, à annoncer la victoire de ... Biden dans l'Etat de l'Arizona.

La relation Fox/Trump se dégrade encore le 6 janvier 2021, jour où des partisans du président battu attaquent le Capitole, siège du Congrès à Washington: Trump est "une force démoniaque, un destructeur. Mais il ne nous détruira pas", lance dans un SMS le présentateur Tucker Carlson à son producteur Alex Pfeiffer.

"Fiasco"

En novembre dernier, d'autres médias de News Corporation, Wall Street Journal et New York Post, ont étrillé Trump tenu pour responsable du "fiasco" des républicains aux élections législatives de mi-mandat.

Vendredi, une porte-parole de Fox News a accusé Dominion d'avoir "choisi et sorti des citations (de sa plainte) de leur contexte".

"Dominion va faire beaucoup de bruit et créer de la confusion (...) mais le coeur de l'affaire reste la liberté de la presse et d'expression, des droits fondamentaux conférés par la Constitution", a-t-elle défendu dans un courriel à l'AFP.

De fait, les actions en diffamation sont limitées aux Etats-Unis par la sacro-sainte liberté d'expression protégée par le premier amendement de la Constitution et les conflits se terminent le plus souvent par un accord à l'amiable. Même si cette affaire risque d'entacher la réputation et les comptes de Fox, l'un des cinq réseaux télévisuels nationaux avec CNN, NBC, ABC et CBS.

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