Zurich (awp) - Zur Rose a vu son déficit se creuser au premier semestre, malgré de solides ventes dopées par sa filiale Medpex. La pharmacie en ligne reste toutefois confiante, comptant sur la numérisation de ses services et sur l'expansion en Allemagne pour renforcer encore sa croissance.

L'apothicaire accuse une perte brute d'exploitation (Ebitda) de 24,5 millions de francs suisses, contre -2,5 millions de francs suisses à la même période l'année dernière, selon un communiqué publié mercredi.

L'Ebitda ajusté des coûts extraordinaires, notamment les fusions acquisitions, a par contre été atténué à -11,5 millions, contre -20,4 millions l'année dernière.

Le groupe affiche une perte nette de 52,3 millions de francs suisses, contre -17,1 millions au premier semestre 2019.

Zur Rose confirme par ailleurs son chiffre d'affaires semestriel annoncé en juillet. Les ventes, en incluant Medpex, ont atteint 810 millions de francs suisses, en croissance de 5,0% sur un an. En monnaie locale, la progression s'élève à 9,2%.

Ces résultats sont bien inférieurs aux prévisions des analystes interrogés par AWP. Ils tablaient en effet sur un Ebitda à -6,8 millions en moyenne et un résultat net entre -37,4 millions et -25,9 millions.

Interrogé par AWP sur cet écart d'avec les prévisions, le directeur financier Marcel Ziwica a estimé que ces chiffres "sont en adéquation avec les prévisions que nous avions effectuées". Il a expliqué la perte nette semestrielle par les activités d'acquisition du groupe, lors d'une conférence de presse mercredi.

Investir dans la numérisation

En parallèle à la crise sanitaire du Covid-19 et à la numérisation croissante de pans entiers de l'économie, Zur Rose veut investir et se placer en leader de la pharmacie en ligne.

Le groupe a rassemblé 388 millions de francs suisses pour financer la croissance et la numérisation de ses projets à travers une augmentation en capital.

En témoigne l'acquisition par le groupe de la vente en ligne de médicaments de la société Apotal dans le plus grand marché européen qu'est l'Allemagne. Zur Rose engrange 1,1 million de clients supplémentaires grâce à cet accord.

L'entreprise peut être d'autant plus optimiste sur le marché allemand que le gouvernement d'outre-Rhin a adopté un projet de loi prévoyant entre autres la numérisation de toutes les prescriptions médicales à partir de 2022, ce qui pourrait générer des recettes supplémentaires.

L'étape supérieure, à en croire Zur Rose, c'est de poursuivre sa stratégie basée sur les plateformes numériques. Annoncée en juillet dernier, l'acquisition de Teleclinic s'inscrit dans cette perspective puisqu'elle permet au groupe d'offrir notamment des services de télémédecine.

Pour le directeur général Walter Oberhänsli cela permettrait à Zur Rose de devenir le plus important écosystème de soins de santé en Europe.

Malmené en Bourse

L'action Zur Rose a été lourdement pénalisée par les investisseurs. Le titre a terminé en chute de 9,5% à 257,50 francs suisses, à contre-courant d'un SPI en nette progression de 1,22%.

L'analyste Volker Bosse de Baader Helvea souligne les perspectives à la croissance de la société en dépit de ses résultats semestriels et maintient sa recommandation à l'achat.

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) déplore des résultats semestriels largement inférieurs aux prévisions. Elle estime toutefois que Zur Rose est une entreprise "où seule la croissance compte". Une rentabilité en repli n'est donc qu'un facteur légèrement négatif. La ZKB campe sur "pondération au marché".

Alors que d'autres entreprises redoutent une seconde vague de contaminations au Covid-19, le directeur général Walter Oberhänsli ne semble pas être inquiet.

"Ce serait négatif pour nous si les médecins devaient à nouveau tout fermer. Mais on ne voit pas un tel scénario se produire. On prévoit plutôt une hausse des comportements en ligne au second semestre. C'est pour ça que nous sommes assez positifs" a-t-il déclaré à AWP.

Le groupe thurgovien a en effet confirmé ses objectifs pour 2020, à savoir une croissance de 10% du chiffre d'affaires, en incluant les ventes de Medpex, Apotal et Teleclinic.

Il vise également le seuil de rentabilité au niveau de l'Ebitda ajusté, c'est-à-dire hors dépenses pour des initiatives de croissance.

A moyen terme, le groupe espère dégager un revenu de plus de 3 milliards de francs suisses.

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