Dassault Aviation (>> DASSAULT AVIATION) a déclaré mardi dans un bref communiqué avoir été "sélectionné pour équiper l'armée de l'air indienne", dans le cadre d'un contrat de plusieurs milliards de dollars, confirmant ainsi les propos du secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Pierre Lellouche.

Pierre Lellouche a expliqué sur BFM TV que le contrat portait sur 126 avions de chasse Rafale, mais qu'il devait encore être finalisé.

Un haut responsable du ministère indien de la Défense a pour sa part indiqué mardi que Dassault Aviation avait fait la meilleure offre et que les discussions allaient maintenant commencer entre la commission de négociation du contrat et Dassault, avant la prise d'une décision définitive sur l'achat des Rafale.

Ce responsable a précisé qu'il était peu probable que la signature du contrat ait lieu avant avril, car les discussions sur des sujets tels que le transfert de technologie et la production du Rafale en Inde pourraient durer plusieurs mois.

Le président de la République, Nicolas Sarkozy, a déclaré que les négociations sur le contrat que Dassault Aviation vient de remporter en Inde allaient être engagées "très prochainement avec le soutien total des autorités françaises".

Selon BFM TV, le contrat porte au total sur 12 milliards de dollars, mais The Times of India avance un montant de 10,4 milliards de dollars.

Avec son Rafale, Dassault a battu pour ce contrat le Typhoon d'Eurofighter, un consortium composé de BAE Systems, Finmeccanica (>> Finmeccanica SpA) et European Aeronautic Defence & Space Co. (>> EADS).

Si elle est finalisée, il s'agirait de la première vente du Rafale à un client autre que l'armée de l'Air française.

Pour Olivier Dassault, le fils du PDG de Dassault Aviation et président du conseil de surveillance du groupe Dassault, qui regroupe notamment Dassault Aviation et Dassault Systèmes, il s'agit d'une "très très bonne nouvelle. Pas simplement pour la société Dassault mais pour l'ensemble de l'industrie aéronautique française". Ce mardi, le titre Dassault Aviation s'est adjugé 18,46% à 725 euros.

"C'est une grosse victoire pour Dassault et le Rafale, sa première commande à l'étranger après deux énormes déceptions au Brésil et aux Emirats - et c'est un gros échec pour Eurofighter", explique James Hardy, analyste pour l'Asie-Pacifique chez IHS Jane's Defence Weekly.

L'analyste souligne toutefois que la signature et la conclusion du contrat pourraient prendre du temps, et qu'il "ne s'agit que d'un premier pas".

"Rafale a été sélectionné en tant que candidat préféré, mais n'importe quel étudiant en droit indien sait bien que cela ne veut rien dire tant que le contrat n'est pas physiquement signé", rappelle James Hardy.

"Nous pensons que les pressions financières qui s'exercent sur le gouvernement indien pourraient sérieusement compliquer les chances d'une signature prochaine, notamment la dépréciation de la roupie".

Un porte-parole de Cassidian, filiale d'EADS chef de file d'Eurofighter pour cet appel d'offres, a indiqué que "même s'il ne s'agit pas encore d'une signature de contrat et que les négociations doivent encore être entamées, nous sommes déçus". Le porte-parole a précisé que cette décision n'aurait pas d'impact sur les offres présentées pour d'autres contrats, et a rappelé que le consortium avait reçu des commandes pour 300 avions, de la part de l'Autriche, de l'Allemagne, de l'Italie, de l'Espagne, du Royaume-Uni et d'Arabie Saoudite".

Nicolas Sarkozy a profité de la présentation de ses voeux à la presse pour saluer le fait que la "France a remporté un succès considérable" dans un pays "où la compétition est la plus rude, la plus acharnée". "Cela faisait trente ans que l'on attendait ce jour", s'est félicité Nicolas Sarkozy à moins de trois mois des élections, ajoutant qu'il s'agit d'un "signal de confiance pour toute l'économie française".

-Noemie Bisserbe et Santanu Choudhury, Dow Jones Newswires; +33 1 4017 1740; noemie.bisserbe@dowjones.com

(Inti Landauro, Geraldine Amiel et Eric Chalmet ont contribué à cet article)

Valeurs citées dans l'article : DASSAULT AVIATION, Finmeccanica SpA, EADS