Zurich (awp) - Acteurs de l'ultime assemblée générale de Credit Suisse, une vingtaine d'actionnaires ont exprimé mardi leur colère et leur désarroi, se penchant notamment sur les déboires du numéro deux bancaire helvétique depuis la crise financière de 2008. Plusieurs ont rappelé les problèmes à répétition de la banque d'affaires et les rémunérations astronomiques des dirigeants successifs.

Une actionnaire romande de la banque a fait part d'"un sentiment très fort de tristesse face à un immense gâchis qui était évitable". Des déboires que Credit Suisse a mal gérés depuis 15 ans. "Les managers ont franchi la ligne rouge", n'apprenant rien du passé, même depuis l'affaire des fonds en déshérence, puis de la crise des subprimes, a-t-elle poursuivi, proposant de remettre au nouveau directeur général d'UBS, Sergio Ermotti, un code d'éthique.

"Il faut apprendre quelque chose de la catastrophe et se protéger d'une gestion frauduleuse", a-t-elle déclaré. Evoquant une crise de confiance en cours depuis des années face aux dérives de la banque d'affaires de Credit Suisse et les affaires à répétition ces dernières années, un autre actionnaire a fait part de son incompréhension. Chaudement applaudi, il a ainsi dénoncé l'attitude des plus gros détenteurs de titres de la banque, ceux-ci n'ayant que rarement sanctionné les dirigeants de Credit Suisse.

Un autre petit porteur a remis au président du conseil d'administration Axel Lehmann un sac de noix vides indiquant avoir ouvert leurs coques, mangé leur contenu et recollé celles-ci. Faisant probablement référence à l'ancien président Urs Rohner, auquel M. Lehmann a succédé, il a déclaré lui avoir réservé "la plus grosse noix creuse".

Examen spécial refusé

A l'image d'autres actionnaires, il a demandé au conseil d'administration d'entreprendre les démarches nécessaires contre les responsables de la débâcle. Reste qu'à l'heure du vote, les propriétaires de Credit Suisse ont refusé l'ouverture d'une enquête spéciale, mais plus de la moitié d'entre-eux se sont abstenus.

Face à ces interventions, Axel Lehmann a fait preuve de compréhension. Désolé des grosses pertes subies par les actionnaires, il s'est cependant réjoui que la plus grosse des noix vides ne lui soit pas destinée.

Un autre intervenant a demandé la prison et l'interdiction d'exercer pour les responsables, un autre criant dans la salle: "les actionnaires ont été spoliés et volés. Nous ne pouvons pas enterrer l'héritage d'Alfred Escher sans rien faire".

Les petits actionnaires ont également critiqué l'utilisation du droit d'urgence par la Confédération dans le cadre de la reprise du Credit Suisse par UBS. L'un d'entre-eux, reprochant la mauvaise communication de l'Autorité de surveillance des marchés financiers (Finma) a exigé du régulateur qu'il verse 30 milliards de francs suisses de compensation aux actionnaires.

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