Les temps sont durs pour le secteur du luxe ! Comme chaque année, Richemont fait le point sur son activité des cinq premiers mois de l'exercice en cours (2016/2017, qui a commencé en avril) parallèlement à l'organisation de son AG 2015/2016. On savait déjà, depuis la publication des comptes annuels, que le premier mois de l'exercice 2016/2017 (soit avril) s'était soldé par un CA en vive baisse de 15% à changes constants. La tendance s'est à peine améliorée par la suite puisque sur cinq mois, l'activité s'est contractée de 13% (toujours à changes comparables) là où le consensus n'attendait “que” - 11%. Le groupe, qui n'anticipe pas de redressement à court terme, s'attend aussi à une chute de 45% de son résultat opérationnel semestriel.

Lanterne rouge de l'indice suisse SMI ce matin, l'action Richemont recule en Bourse de près de 4% à 57,5 francs suisses, suivie par Swatch Group (- 2,1% à 267,4 francs).

En excluant les retours de produits de certains de ses distributeurs, le groupe de luxe suisse contrôlé par Johann Rupert attribue ce difficile début d'exercice indique que son CA sur 5 mois n'a baissé que de 10% hors devises.

A titre de comparaison, en 2016/2017, les ventes hors changes de Richemont, grand nom du 'hard luxury' (soit la 'haute joaillerie', avec les marques Cartier et Van Cleef & Arpels, et la 'haute horlogerie' avec Jaeger-LeCoultre, Vacheron Constantin ou Baume & Mercier) n'avaient reculé que de 1%.

Quid des performances par région sur les premiers mois de 2016/2017 ? Toujours hors devises, le Japon se contracte de 25% sur la période, l'Europe, frappée par une baisse de la fréquentation touristique consécutive aux attentats, chute de 18%, suivie par le Moyen-Orient (- 10%), le reste de l'Asie Pacifique (- 9%) et le continent américain (- 6%).

Par canal de distribution, et toujours dans ces mêmes termes, les ventes de détail (- 6%) résistent mieux que celles de gros (- 21%). Par métier, le joaillerie plie de 15% et l'horlogerie de 18%.

Richemont, qu rappelle que Net-A-Porter est déconsolidé depuis l'an dernier et sa fusion avec l'italien Yoox, attribue cette orientation franchement négative à une base de comparaison élevée, à la faiblesse de la reconstitution des stocks des distributeurs, et à un 'environnement global difficile'.

En guise de perspectives, Richemont estime que les tendances difficiles des premiers mois de l'année continueront en septembre. De ce fait, le résultat opérationnel semestriel s'annonce en chute de 45% environ, ce qui comprendra notamment des charges de restructurations de l'ordre de 65 millions d'euros. Le résultat net devrait suivre une tendance similaire. Les comptes du premier semestre sont attendus le 4 novembre prochain.

Richemont ajoute enfin qu'il ne pense pas que la situation actuelle va 'se retourner à court terme', même s'il réaffirme sa confiance dans ses perspectives à plus longue échéance.

Le bureau d'études Aurel BGC, qui tablait sur une contraction du CA hors devises de 10%, souligne les conséquences du terrorisme en Europe et de la réappréciation du yen au Japon. 'L'Asie baisse de 9% à changes constants malgré la croissance des ventes en Chine et en Corée', ajoutent les analystes, Hong Kong et Macao pesant toujours lourdement.

Si Aurel BGC continue de croire au potentiel de long terme de Richemont en raison de la force de ses marques et de sa trésorerie nette, la 'dynamique de résultats à court terme est encore trop faible pour adopter une opinion plus positive sur le titre.' Les spécialistes conseillent pour l'heure de conserver le titre en visant 62 francs.

Par ailleurs, l'AG de Richemont se prononcera notamment sur le versement d'un dividende 2015/2016 de 1,70 franc suisse (+ 6%).


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