Zurich (awp) - Richemont a accusé au premier semestre de son exercice décalé 2016/2017, clos fin septembre, une chute de sa rentabilité et des recettes, imputable à la faible demande et au programme de rachats des montres auprès des détaillants. Le groupe de produits de luxe a également annoncé le départ en 2017 de ses directeurs général (CEO) et financier (CFO) et la réorganisation de sa structure.

Ces résultats ne constituent cependant pas une surprise, dans la mesure où le groupe avait émis en septembre un avertissement sur son bénéfice opérationnel.

Au premier semestre, le bénéfice net a chuté de 51% sur un an à 540 mio EUR. Le bénéfice opérationnel (Ebit) a dégringolé de 43% à 798 mio EUR et la marge afférente a perdu 820 points de base à 16%. Le rachat des stocks et la fermeture de certains points de vente ont occasionné des charges non récurrentes de 249 mio EUR ayant pesé sur l'Ebit.

Lors de la publication des chiffres sur 5 mois, le groupe avait déjà averti s'attendre à une chute de 45% de son bénéfice opérationnel.

Le chiffre d'affaires a pour sa part reculé de 13% sur un an à 5,09 mrd EUR, et de 12% à taux de change constant (tcc). Sans le rachat de garde-temps auprès des détaillants, les recettes ont abandonné 8% à tcc.

Les résultats sont mitigés. Le bénéfice net est nettement inférieur aux prévisions du consensus AWP. Les analystes tablaient sur 656 mio EUR. Les ventes et l'Ebit sont toutefois quelque peu supérieurs aux attentes. Les recettes étaient attendues à 5,05 mrd EUR et le bénéfice opérationnel à 763 mio.

Du point de vue géographique, la plupart des marchés sont en baisse, à l'exception notable de la Chine, du Royaume-Uni et de la Corée du Sud.

L'Europe, représentant 31% des ventes globales, a vu ses recettes fondre de 17% à tcc, notamment en raison de la mauvaise performance de la France.

L'Asie-Pacifique (35% des ventes) a limité le recul à 8% tcc contre 17% l'année dernière sur la même période, met en exergue le groupe genevois. Le rachat de stocks a particulièrement freiné cette région, indique la maison-mère de Cartier.

Concernant les divisions, les marques joaillières, comprenant notamment Cartier et Van Cleef & Arpels ont enregistré des ventes en baisse de 13%. Richemont explique cette contre-performance par les problèmes rencontrés au niveau des montres, en particulier via le réseau des détaillants.

Les marques horlogères, dont Jaeger-LeCoultre et IWC, ont aussi accusé une contraction des recettes de 17%.

RACHATS PRESQUE TERMINÉS

Le CFO de Richemont, Gery Saage, a indiqué vendredi que le rachat des montres auprès des détaillants était en grande partie finalisé.

Lors d'une conférence téléphonique, M. Saage a également déclaré que les ventes en octobre ont évolué positivement. Le président du conseil d'administration Johann Rupert a cependant relevé qu'étant donné la volatilité du marché, les chiffres mensuels ne permettaient pas d'établir une image complète de la situation.

M. Rupert a aussi rappelé que Richemont doit continuer à fermer des boutiques non rentables et réduire la production afin de s'adapter à la faible demande. Des suppressions de postes ne sont cependant pas à l'ordre du jour, a précisé le CFO.

Malgré l'environnement difficile, le groupe genevois ambitionne de relever le dividende régulièrement, a fait remarquer le président.

RESTRUCTURATION DE LA DIRECTION

Le conseil d'administration a décidé de restructurer sa direction, afin de pouvoir à l'avenir réagir rapidement aux difficultés des affaires en général et dans l'industrie du luxe en particulier.

Le CEO Richard Lepeu se retirera à fin mars 2017 pour des raisons d'âge. L'actionnaire principal et actuel président Johann Rupert reprend les rênes en tant que président exécutif. Par ailleurs, le CFO Gary Saage quittera aussi le groupe à fin juillet 2017. Il sera remplacé par son adjoint Burkhart Grund.

Le conseil d'administration se séparera de sept de ses membres et en accueillera trois nouveaux.

Vontobel estime que les résultats ne réservent aucune grande surprise. Son analyste salue vivement la légère amélioration des affaires en septembre. Il craint toutefois des difficultés structurelles dans la division horlogère.

Andreas von Arx de Baader Helvea interprète le changement intervenu à la tête de la direction comme un signe d'adaptation aux nouvelles conditions du marché. Morgan Stanley espère que Richemont, grâce à ce changement, adaptera sa production.

En revanche, la Banque cantonale de Zurich (ZKB) se dit surprise par la démission de l'actuel CFO et estime que cette décision pèsera négativement sur le groupe.

Vers 12h35, l'action Richemont (+9,2% à 68,90 CHF) était en haut du podium des valeurs vedettes, entraînant avec elle la porteur de son concurrent Swatch, qui s'enrobait de 2,9% à 296,70 CHF, à contre-courant d'un SMI en baisse de 0,33%.

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