par David Jones

Au terme de négociations prolongées tard dans la nuit de lundi à mardi, la directrice générale du géant américain, Irene Rosenfeld, a accepté de débourser davantage de cash et de réduire le nombre d'actions nouvelles à émettre, des concessions indispensables pour obtenir l'aval du président de Cadbury Roger Carr et pour apaiser le principal actionnaire de Kraft, Warren Buffett.

L'offre valorise chaque action Cadbury à 840 pence, plus la promesse d'un dividende exceptionnel de 10 pence, soit un total de 850 pence qui a emporté l'adhésion unanime du conseil d'administration du groupe britannique.

Le titre Cadbury a atteint un plus haut historique de 838 pence mardi matin, et gagnait 3,65% à 836,5 pence vers 14h10 GMT.

A Wall Street, l'action Kraft cédait 2,8% à 28,76 dollars dans les transactions en avant-Bourse.

"Kraft a fait une très bonne affaire. Les 850 pence sont fondés sur le cours actuel de Kraft, et je m'attends à ce que le titre Kraft monte aujourd'hui à la faveur de la diminution substantielle du nombre d'actions émises dans le cadre de cet accord", observe Graham Jones, analyste chez Panmure Gordon.

Kraft a indiqué que l'accord serait relutif en 2011, à hauteur de 5 cents environ, et offrirait un retour sur investissement autour de 15%, bien au-delà du coût en capital de Kraft.

Cette offre finale repose sur 500 pence en cash et 0,1847 action nouvelle Kraft pour chaque action Cadbury, à comparer aux 745 pence (300 pence cash et 0,2589 action) de l'offre hostile soumise en septembre et dûment rejetée par Cadbury.

Berkshire Hathaway, la société de Warren Buffett qui détient 9,4% de Kraft, avait mis en garde Irene Rosenfeld de ne pas payer trop cher et d'éviter de trop diluer l'actionnariat en émettant trop d'actions nouvelles.

Kraft a annoncé mardi qu'il émettrait 265 millions de titres nouveaux, bien en deçà des 370 millions initialement prévus.

LEADER MONDIAL DE LA CONFISERIE

Les analystes jugent désormais improbable une contre-offre sur Cadbury. Les autorités britanniques ont donné jusqu'au 25 janvier aux deux autres candidats potentiels, l'italien Ferrero (Nutella, Tic-Tac) et l'américain Hershey, pour soumettre une éventuelle offre concurrente.

S'il se concrétise, le rachat de Cadbury par Kraft donnera naissance au leader mondial de la confiserie, devant le groupe non coté Mars-Wrigley, et unira sous une même bannière le chocolat Dairy Milk et les chewing-gums Trident de Cadbury, et les marques Milka, Toblerone, Oreo et Terry's de Kraft.

Standard Life Investments, actionnaire de Cadbury, a dit soutenir la décision du conseil d'administration du confiseur britannique.

"Nous soutenons la décision de la direction même si le prix obtenu est légèrement en-deçà de l'objectif fixé", a déclaré David Cumming, responsable des valeurs britanniques chez Standard Life.

Les syndicats de Cadbury, craignant des suppressions d'effectifs, ont cherché à s'opposer à ce mariage, tandis que les responsables politiques britanniques tentaient d'intervenir à l'approche d'élections législatives.

Après l'annonce de l'accord, le Premier ministre britannique Gordon Brown a déclaré lors d'une conférence de presse qu'il voulait protéger l'investissement et l'emploi chez Cadbury.

"Voilà ce que je veux vous dire: nous sommes déterminés à ce que les niveaux d'investissement déployés au sein de Cadbury au Royaume-Uni soient maintenus", a-t-il dit.

Version française Jean Décotte