Londres (awp/afp) - Un gros demi-milliard de livres: c'est la dépréciation que doit supporter BT en Italie à cause d'un scandale de maquillage comptable, selon une nouvelle estimation publiée mardi. Résultat, le titre du géant britannique des télécoms s'effondrait à la Bourse de Londres.

Vers 10H50 GMT, son action chutait précisément de 17,70% à 314,85 pence.

La publication des nouveaux coûts liés à cette embrouille dans son activité en Italie a fait l'effet d'une douche froide pour les investisseurs, qui croyaient jusqu'à présent, comme l'avait dit BT fin octobre, que ce scandale ne lui coûterait "que" 145 millions de livres.

"Depuis, nous avons progressé dans notre enquête, qui a compris un passage en revue indépendant par KPMG sur les pratiques comptables de nos opérations italiennes et une révision de notre propre bilan", a expliqué BT dans un communiqué publié avant l'ouverture du marché.

Au final, "ces erreurs comptables passées et ces décisions du management requérant réévaluation", comme l'a décrit le groupe, le contraignent à déprécier ses actifs de 530 millions de livres (614 millions d'euros). Les résultats des activités italiennes ont été largement surestimés durant un grand nombre d'années.

Cette affaire devrait avoir pour conséquence un impact négatif de quelque 175 millions de livres (200 millions d'euros) sur son résultat brut d'exploitation (Ebitda) lors de son exercice comptable 2016-2017, qui sera achevé fin mars. L'impact négatif lors de l'exercice suivant devrait être comparable, a prévenu BT.

Le groupe a assuré avoir désormais fait le ménage dans ses opérations en Italie, avec le départ de plusieurs hauts dirigeants et l'arrivée d'un nouveau directeur général dès la semaine prochaine.

"Nous sommes profondément déçus par les pratiques inappropriées que nous avons découvert dans notre activité italienne", a expliqué Gavin Patterson, directeur général de BT. "Nous avons lancé des enquêtes approfondies dans cette activité et sommes déterminés à garantir les normes les plus élevées à travers tout BT au plus grand bénéfice des clients, actionnaires, employés et autres parties prenantes".

Le groupe a ajouté qu'il passait désormais en revue l'ensemble de ses opérations financières et systèmes de contrôle sur le plan mondial.

CONFIANCE ÉBRANLÉE

Comme une mauvaise nouvelle ne vient jamais seule, BT a prévenu que ses activités pour les entreprises sur le plan international et pour le secteur public au Royaume-Uni souffraient d'une conjoncture moins favorable sur les marchés.

Ses profits devraient en conséquence fortement reculer lors du quatrième trimestre de son exercice comptable 2016-2017, avec une baisse à deux chiffres du résultat brut d'exploitation ajusté. Pour l'ensemble de l'exercice, son Ebitda devrait atteindre quelque 7,6 milliards de livres (8,8 milliards d'euros au taux de change actuel), contre 7,9 milliards attendus jusqu'à présent.

Son chiffre d'affaires (hors effet de change et d'acquisition/cession) et son résultat brut d'exploitation devraient en outre n'être que stables en 2017-2018.

"Les activités italiennes sont relativement petites à l'échelle du groupe (mais) le marché n'aime pas qu'une entreprise soit associée à un scandale comptable, tout cela l'a effrayé et l'action a perdu jusqu'à 20%", a expliqué Helal Miah, analyste au Share Centre.

"Les nouvelles d'aujourd'hui sapent un peu plus la confiance des investisseurs, déjà fragilisée par l'important déficit du fonds de retraite de BT et les récriminations de ses concurrents et utilisateurs vis-à-vis de son réseau", a-t-il ajouté.

Fin octobre, le groupe avait expliqué que le déficit de son fonds de retraite approchait l'équivalent de 10 milliards de livres, ce qui avait inquiété sur les finances du groupe, déjà entamées par l'acquisition de l'opérateur mobile britannique EE auprès du français Orange et de l'allemand Deutsche Telekom, une opération à 12,5 milliards de livres.

Cette absorption permet néanmoins au groupe de disposer au Royaume-Uni d'une offre quatre fois plus importante (téléphonies fixe et mobile, internet à haut débit et télévision), au moment où il renforce son offre de diffusion du football anglais pour concurrencer Sky.

afp/jh