New York (awp/afp) - Wall Street reculait à l'ouverture vendredi, craignant un vent de protectionnisme mondial après l'annonce jeudi par Donald Trump de lourdes taxes sur les importations d'acier et d'aluminium aux Etats-Unis: le Dow Jones perdait 1,36% et le Nasdaq 0,89%.

Vers 15H10 GMT, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average reculait de 333,94 points, à 24.275,04 points.

Le Nasdaq, à forte coloration technologique, baissait de 63,55 points à 7.117,01 points.

L'indice élargi S&P 500 abandonnait 0,88%, ou 23,65 point, à 2.654,02 points.

Wall Street avait déjà terminé en net recul jeudi, inquiète des conséquences commerciales entre les Etats-Unis et le reste du monde après les annonces du président américain.

"Les potentielles barrières commerciales (américaines) effraient les marchés qui craignent le début d'une guerre commerciale", ont observé les analystes de Schwab.

De nombreux responsables politiques internationaux ont vivement réagi aux annonces jeudi de l'administration Trump de futurs droits de douane de 25% sur les importations d'acier et 10% sur celles d'aluminium.

Une "guerre commerciale" entre l'Europe et les Etats-Unis "ne fera que des perdants", a estimé vendredi le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire.

La veille, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a affirmé que l'Europe réagirait "fermement et proportionnellement" à ces mesures, le Canada ayant évoqué quant à lui une décision "inacceptable" et Moscou ayant fait part de sa "préoccupation".

Vendredi, Donald Trump a poussé la provocation envers ses partenaires sur Twitter, en menaçant d'imposer des "taxes réciproques" en matière commerciale.

"La crainte majeure (des marchés) est que cela déclenche une série de mesures protectionnistes" à l'échelle mondiale, a indiqué Oxford Economics. Et d'encourager Donald Trump à durcir encore sa politique en la matière, a ajouté le cabinet de recherches.

"Il y a peu d'espace et peu de patience des investisseurs pour les nouvelles négatives" alors qu'ils sont déjà confrontés aux incertitudes sur l'inflation, sur la hausse des taux d'intérêt, et sur la valorisation élevée des actions, ont plus largement observé les analystes de DataTrek.

- 'VIX' en hausse -

Signe du climat d'incertitude qui saisissait Wall Street, l'indice qui mesure la volatilité sur le S&P 500 (VIX) et qui s'était enflammé au début du mois de février, repartait à la hausse et s'affichait à un plus haut depuis plus de deux semaines.

Sur le front des valeurs, de nombreux groupes internationaux déjà chahutés jeudi tanguaient de nouveau, tandis que les groupes de métaux n'étaient pas forcément gagnants.

Ainsi les producteurs américains d'acier et d'aluminium, qui avaient nettement grimpé jeudi, reculaient vendredi, US Steel cédant 4,61% à 43,89 dollars et Century Aluminium perdant 2,15% à 20,04 dollars.

Le fabricant américain d'aluminium Alcoa, qui avait à peine décollé la veille (+0,22%), abandonnait vendredi 0,08% à 45,04 dollars.

Le constructeur aéronautique Boeing lâchait 3,39% à 337,84 dollars après avoir déjà perdu 3,46% la veille, quand les constructeurs automobiles General Motors et Ford perdaient respectivement 2,00% à 37,04 dollars et 0,62% à 10,23 dollars.

Sur le front des résultats d'entreprises, le fabricant d'armes American Outdoor Brands Corporation sombrait (-6,22% à 8,83 dollars) après avoir annoncé la veille des ventes trimestrielles en net recul en comparaison avec l'année précédente, en raison notamment d'une baisse des commandes des grossistes et détaillants.

Le marché obligataire se tendait un peu: le rendement des bons du Trésor à 10 ans montait à 2,832% contre 2,808% la veille au soir, et celui à 30 ans progressait à 3,113% contre 3,083% jeudi.

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