Le premier constructeur automobile européen, qui peine à tourner la page du scandale des émissions polluantes de ses moteurs diesel, a dit mardi envisager le remplacement de Matthias Müller dans le cadre d'une refonte de sa direction.

L'action a gagné 4,5% en Bourse de Francfort, une des plus fortes hausses du Dax-30 allemand et de l'EuroStoxx 50 de la zone euro.

Le contrat de Matthias Müller, qui a pris les rênes du VW une semaine après la révélation du "dieselgate" en septembre 2015, court jusqu'en 2020.

On ignore dans l'immédiat quand Herbert Diess, un ancien cadre dirigeant de BMW qui a rejoint le groupe de Wolfsburg en juillet 2015, pourrait lui succéder.

"Volkswagen étudie une évolution future de sa structure de direction, qui serait également associée à des changements au sein du directoire", a précisé VW dans un communiqué.

Deux sources proches du constructeur ont dit que le conseil de surveillance de Volkswagen se réunirait vendredi et évoquerait également les préparatifs d'une possible introduction en Bourse des activités de poids lourds.

VW, qui investit des milliards d'euros dans les véhicules électriques et les services de mobilité, réfléchit à mettre en place une structure d'entreprise plus souple, envisageant notamment l'entrée en Bourse de sa division de camions.

Herbert Diess, 59 ans, a poussé à la restructuration de la marque VW et s'est opposé à plusieurs reprises aux syndicats sur les réductions de coûts.

"PAS DE MEILLEURE ALTERNATIVE"

"Si la nomination de Diess est confirmée, l'action VW grimpera encore en Bourse", estime Arndt Ellinghorst, analyste chez Evercore ISI, qui est à "surperformer" sur le titre.

"Nous ne voyons pas de meilleure alternative (...) pour préparer le groupe à l'avenir."

Ces bouleversements dans la direction surviennent alors que l'entreprise a affiché l'année dernière des ventes et un bénéfice record.

Mais les tensions persistantes entre les familles qui contrôlent le groupe, les syndicats et les autres parties prenantes ont rendu difficile tout changement de structure que les investisseurs jugent primordial pour son avenir.

Matthias Müller, 64 ans, a "montré sa volonté de contribuer aux changements", a précisé VW, ajoutant qu'une réflexion était en cours pour savoir si la nouvelle structure de direction impliquerait son remplacement.

Il y a deux mois, des sources proches du directoire avaient rapporté à Reuters que Matthias Müller était de plus en plus frustré par le manque de soutien, selon lui, à ses projets de réformes et par l'incapacité de l'entreprise à tourner la page du scandale des émissions polluantes.

Volkswagen a refusé de commenter les informations sur la nomination probable d'Herbert Diess. Le comité d'entreprise, dont les membres occupent la moitié des sièges au conseil de surveillance, n'ont pas souhaité s'exprimer non plus.

Le Spiegel écrit par ailleurs, sans citer de sources, que VW compte également désigner un nouveau responsable des ressources humaines. C'est ainsi que Gunnar Kilian, secrétaire général du comité d'entreprise, succèderait à Karlheinz Blessing, membre du directoire qui occupe ses fonctions depuis le 1er janvier 2016.

Le Spiegel ajoute que Blessing, un ex-responsable du parti social-démocrate, pourrait assumer de nouvelles fonctions au sein du constructeur.

(Catherine Mallebay-Vacqueur et Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Véronique Tision)

par Andreas Cremer et Jan Schwartz

Valeurs citées dans l'article : Bayerische Motoren Werke, Volkswagen