(Actualisé avec précisions, réactions)

BRASÍLIA, 3 septembre (Reuters) - Un tribunal brésilien a annulé lundi une décision de justice suspendant l'utilisation du glyphosate, autorisant de facto les agriculteurs du pays à continuer d'utiliser le désherbant controversé au moment où vont débuter les semis de graines de soja.

Le mois dernier, un juge brésilien avait suspendu l'enregistrement auprès des autorités de tout nouveau produit à base de glyphosate pour une durée de 30 jours, dans l'attente d'une "réévaluation toxicologique" de l'agence de veille sanitaire Anvisa.

Ce délai de 30 jours, qui concernait aussi l'insecticide abamectine et le fongicide thirame, expirait lundi.

Le juge Kássio Marques, du tribunal régional fédéral du premier district de Brasilia, a fondé sa décision sur l'argument du gouvernement selon lequel l'interdiction du glyphosate et des deux autres produits chimiques pourrait nuire à l'économie du pays.

"Rien ne justifie la suspension et le retrait brutal de l'enregistrement de produits contenant du glyphosate, de l'abamectine et du thirame comme ingrédients actifs sans une analyse des graves impacts sur l'économie et la population du pays", fait-il valoir dans sa décision.

Le Brésil, premier exportateur mondial de soja, utilise massivement les produits à base de glyphosate, dont le groupe américain Monsanto, désormais filiale de l'allemand Bayer , est le principal fournisseur.

"Cette décision est une très bonne nouvelle pour les agriculteurs brésiliens qui comptent sur les herbicides à base de glyphosate pour (...) faire pousser leurs récoltes de manière sûre et efficace", a réagi Bayer par la voix de Liam Condon, le responsable de sa division Crop Science.

L'Anvisa, qui réévalue depuis 2008 le glyphosate sans avoir à ce jour livré de conclusion, a pris acte du jugement et a ajouté qu'elle prendrait en réponse les mesures nécessaires, légales et techniques.

Le parquet avait diligenté la plainte pour pousser l'agence de veille sanitaire à s'exprimer, en faisant valoir que les trois produits chimiques devaient être réévalués à l'aune de nouveaux soupçons de dangerosité.

La justice américaine a reçu des centaines de plaintes accusant les produits de Monsanto, notamment le Roundup, son désherbant le plus commercialisé, de provoquer des cancers.

Bayer et sa filiale affirment que des décennies d'utilisation et de nombreuses analyses des autorités sanitaires montrent que le glyphosate est sûr. (Ricado Brito, Ana Mano et Jake Spring, Véronique Tison pour le service français)