BERLIN (Reuters) - L'Allemagne a dévoilé jeudi sa nouvelle stratégie à l'égard de la Chine, qui pointe la position de Pékin "de plus en plus affirmée" et présente des réponses possibles, telles que le contrôle des investissements à l'étranger dans les technologies de pointe à usage militaire.

Ce document de 64 pages s'inscrit dans le cadre d'un mouvement plus large en Occident visant à réduire les dépendances stratégiques à l'égard de la Chine en raison des inquiétudes suscité par l'hégémonie de Pékin dans la région indo-pacifique.

"La Chine a changé. En conséquence de cela et des décisions politiques de la Chine, nous devons changer notre approche de la Chine", indique le document approuvé par le cabinet jeudi après des mois de querelles au sein de la coalition tripartite du chancelier Olaf Scholz.

La Chine reste un partenaire indispensable pour relever les défis mondiaux tels que le changement climatique et les pandémies.

Toutefois, elle s'affirme de plus en plus dans ses tentatives de modifier l'ordre international fondé sur des règles, ayant des conséquences pour la sécurité mondiale.

La décision de la Chine d'étendre ses relations avec la Russie a également des conséquences immédiates sur la sécurité de l'Allemagne.

L'Allemagne continuera à renforcer sa présence militaire et sa coopération avec ses partenaires dans la région indo-pacifique, a-t-elle déclaré, avertissant que le statu quo dans le détroit de Taïwan ne peut être modifié que par des moyens pacifiques et par consentement mutuel.

"L'escalade militaire affecterait par ailleurs les intérêts allemands et européens", précise la stratégie.

L'Allemagne développera également ses relations étroites avec Taïwan tout en continuant à adhérer à la "politique d'une seule Chine", qui reconnaît le gouvernement de la République populaire de Chine comme le seul gouvernement légal de la Chine.

En ce qui concerne l'économie, la stratégie présente des propositions visant à réduire les dépendances critiques à l'égard de la Chine, conformément à ce qui a été convenu précédemment par l'Union européenne.

L'Allemagne s'inquiète en outre particulièrement de l'impact de cette stratégie de réduction des risques sur une économie déjà en récession, compte tenu de ses liens commerciaux étroits avec la Chine, qui est devenue le premier partenaire commercial du pays en 2016.

Avec près de 300 milliards d'euros d'importations et d'exportations, la Chine est un marché clé pour les grandes entreprises allemandes, notamment Volkswagen, BASF et BMW.

"Le gouvernement fédéral affirme sa responsabilité et sa détermination à se coordonner avec ses partenaires pour empêcher que les technologies de pointe que nous développons ne soient utilisées pour renforcer les capacités militaires qui menacent la paix et la sécurité internationales", dit le gouvernement dans son document.

"Nous reconnaissons que des mesures appropriées conçues pour contrer les risques liés aux investissements à l'étranger pourraient être importantes pour compléter les instruments existants de contrôle ciblé des exportations et des investissements nationaux".

(Reportage Sarah Marsh, Andreas Rinke, Matthias Williams, Friederike Heine, Miranda Murray, Rachel More ; version française Nathan Vifflin, édité par Kate Entringer)