Paris (awp/afp) - La Bourse de Paris reculait de 1,33% vendredi matin, plombée par la défiance des investisseurs envers les actions françaises dans un contexte de crise politique.

L'indice principal CAC 40 chutait de 99,39 points à 7.605,44 points vers 10H00. Jeudi, l'indice a connu sa pire chute depuis près d'un an (-1,99%) et est tombé à 7.708,02 points, un plus bas depuis le 14 février.

Le CAC 40 affiche à ce stade un repli de 4,88% depuis le début de la semaine et l'annonce surprise de la dissolution de l'Assemblée nationale après la victoire du parti d'extrême droite Rassemblement national aux élections européennes. Il s'achemine vers sa pire semaine depuis juin 2022.

Vers 10H00, le taux d'emprunt de l'État français à dix ans reculait légèrement à 3,12% mais il s'est encore éloigné de l'équivalent de l'État allemand, jugé comme la dette européenne la plus sûre.

Cet écart - ou "spread" - est un indicateur de mesure de la confiance des investisseurs dans un pays donné. Il se situe actuellement à 0,71 point de pourcentage, au plus haut depuis 2017 et son amplification sur la semaine est la plus importante depuis 2020.

Selon de premiers sondages, la part des Français qui disent faire "confiance" à Emmanuel Macron est au plus bas depuis le début de son second mandat en 2022. Et le parti d'extrême droite et l'alliance de gauche pourraient recueillir chacun plus de votes aux élections législatives anticipées que la majorité présidentielle.

"Même s'il n'y a pas de programmes économiques qui aient été exposés avec détail par les formations politiques, la possibilité que des partis représentant souvent les extrêmes, et sans expérience de gouvernement, puissent prendre les rênes du pays suscite l'inquiétude", souligne Sebastian Paris Horvitz, directeur de la recherche du gérant d'actifs LBP AM.

"Ceci interroge, d'autant plus dans un contexte où la France devrait s'engager dans une trajectoire d'assainissement de ses finances publiques", ajoute-t-il.

Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a affirmé de son côté que le programme proposé par l'union de gauche du "Nouveau Front Populaire" est "l'assurance de la sortie de l'Union européenne" par son refus de la "discipline européenne" budgétaire.

Parmi les indicateurs du jour, la hausse des prix en France en mai a atteint 2,3% sur un an, soit 0,1 point de plus qu'en avril, a indiqué vendredi l'INSEE, qui a révisé en hausse de 0,1 point son estimation provisoire pour le mois.

Atos au service de l'État

L'État a fait une offre de 700 millions d'euros pour acheter les activités d'Atos jugées stratégiques et sensibles, dont les supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire, a indiqué vendredi dans un communiqué le groupe informatique français, lourdement endetté.

Après un bond de 22% dans les premiers échanges, l'action d'Atos progressait de 13,57% à 87 centimes d'euro vers 10H00. L'action affiche toujours une baisse de plus de 24% depuis le début de la semaine et l'annonce que le conseil d'administration d'Atos a choisi l'offre de reprise du consortium mené par Onepoint, son principal actionnaire.

Changements au SBF 120

L'opérateur boursier paneuropéen Euronext a annoncé jeudi que le distributeur Casino (stable à 3,56 euros) et Esso (-2,79% à 174 euros), filiale du géant pétro-gazier ExxonMobil, seront inclus dans l'indice élargi de la Bourse de Paris SBF 120 à partir du 24 juin.

Ils remplacent le sous-traitant pour les opérateurs télécoms et énergie Solutions 30 (-7,42% à 1,62 euro) et le fabricant belge de semi-conducteurs X-Fab (-1,36% à 6,53 euros) qui quittent l'indice à l'issue de sa revue trimestrielle.

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