Paris (awp/afp) - Les Chinois ont recommencé à réserver des voyages en avion dès les restrictions de déplacements levées, mais de multiples obstacles demeurent sur le chemin d'un retour aux fréquentations d'avant la pandémie, surtout vers l'étranger.

En vue des festivités du Nouvel An chinois, les réservations ont repris à la faveur de l'abandon de facto de la politique "zéro Covid" annoncée en décembre: "les réservations ont bondi (...), atteignant 50% du niveau de 2019 lors de la dernière semaine de l'année", selon le cabinet spécialisé ForwardKeys.

Le marché chinois de l'aviation commerciale était resté l'ombre de lui-même depuis l'éclatement de la crise sanitaire début 2020, entre fermetures de frontières, restrictions de mouvements et contrôles sanitaires renforcés.

En novembre 2022, les liaisons intérieures chinoises tournaient seulement à 30% du niveau de passagers-kilomètres payants (RPK, un des indices de référence du secteur) du même mois de 2019, selon l'Association internationale du transport aérien (Iata).

Le marché intérieur chinois représentant 17,8% des RPK dans le monde, à peine moins que celui des Etats-Unis (25,6%), cette méforme suffisait à expliquer que le trafic aérien mondial sur les lignes intérieures n'ait retrouvé en novembre 2022 que 77,7% du même mois trois ans plus tôt.

Mais la situation était bien pire pour les rotations entre la Chine et l'étranger, qui ont plafonné à 5% des niveaux de 2019 depuis trois ans, alors que les liaisons internationales ont retrouvé 73,7% en moyenne dans le monde.

Là aussi, les autorités chinoises ont levé des restrictions, menant à une explosion des réservations de 192% fin décembre sur un an. Mais elles restent en retrait de 85% par rapport à l'avant-crise, selon ForwardKeys.

Réservoir de croissance

Tout relâchement des mesures sanitaires en Chine se traduirait par l'expression d'une "forte demande latente qui nourrira un rebond rapide", avait estimé l'Iata début décembre, juste avant les annonces de Pékin.

Selon les analystes de DBRS Morningstar, "l'administration de l'aviation civile chinoise s'attend à retrouver 88% du niveau de vols de 2019 d'ici à fin janvier 2023".

"Mais la forte hausse de cas de Covid-19 dans le pays et les obligations de tests pour les voyageurs chinois dans certaines zones géographiques pourraient affecter le rythme de la reprise dans les mois à venir", ont-ils mis en garde.

Malgré le début de rebond déjà décelé, "il faudra attendre plus longtemps avant de voir une résurgence de l'exploration du monde par des touristes chinois", a abondé Olivier Ponti, analyste chez ForwardKeys.

De fait, "la capacité des vols internationaux n'est qu'à 10% du niveau de 2019" et les compagnies devant se réorganiser, "ce sera difficile de reprendre le rythme en moins de quelques mois", selon lui.

Chez Air France, on indique assurer actuellement trois vols par semaine entre la France et la Chine continentale, deux rotations depuis Shanghai et une depuis Pékin, outre trois vers Hong Kong depuis le 9 janvier. Devraient suivre une troisième fréquence vers Shanghai à partir du 4 février, et une quatrième à l'été.

Avant la pandémie, la compagnie française effectuait 26 vols par semaine vers Pékin, Shanghai et Wuhan.

"La demande est estimée comme modérée depuis l'ouverture des frontières. Mais si la demande est forte on peut s'adapter à la hausse, sous réserve d'autorisations nécessaires par les autorités chinoises", selon la compagnie française.

Autre obstacle à une reprise franche, les prix des billets, qui atteignent 160% de ceux d'avant la crise, même si ce ratio baisse depuis un an après avoir dépassé 350%, souligne ForwardKeys.

L'Iata, qui juge inefficaces les obligations de tests Covid négatifs mises en place par plusieurs pays, dont la France, pour les passagers en provenance de Chine, prévoit que les transporteurs d'Asie-Pacifique, où la Chine pèse le plus lourd, retrouveront cette année 70,8% de leur volume de passagers de 2019.

Cette année-là, la région avait absorbé 37% du trafic aérien mondial, soit près de 1,7 milliard de passagers sur 4,5. Et malgré la pandémie, la zone reste vue comme le principal réservoir de croissance du transport aérien.

"Quand la Chine reviendra, cela dopera le secteur (aérien) tout entier", avait affirmé en décembre Christian Scherer, directeur commercial d'Airbus.

afp/ck