Les autorités britanniques et françaises passent en revue le recours à des intermédiaires dans les ventes d'avions et Airbus fournit également des éléments dans ce dossier aux autorités américaines.

Harald Wilhelm, qui ne devrait pas quitter Airbus avant l'année prochaine, n'a pas été accusé d'actes contraire à la loi, ont dit deux sources.

A l'inverse, cet homme de 52 ans a été à l'origine de la décision du constructeur de mettre un terme à la pratique, en vigueur depuis des décennies, consistant à utiliser des intermédiaires dans les ventes d'avions, ouvrant de ce fait la voie aux enquêtes française et britannique.

Malgré cela, le fait qu'il ait décidé néanmoins de partir apporte la preuve que le conseil d'administration du groupe a fait pression pour remanier de fond en comble la direction afin de présenter de nouveaux visages aux agences de la lutte contre la corruption et d'obtenir ainsi des accords à l'amiable plus cléments.

Airbus s'est refusé à tout commentaire sur les changements de direction, tout comme Harald Wilhelm.

Même si Airbus a renoncé depuis quelques années à un système d'équilibre politique entre les pays qui ont historiquement composé le groupe pour nommer ses plus hauts dirigeants, ce sera bien une autre personne de nationalité allemande, qui ne fait actuellement pas partie du groupe, qui sera nommée au poste de directeur financier dans quelques semaines afin qu'il n'y ait pas de déséquilibre entre Français et Allemands.

Lors de l'annonce de sa démission, Airbus avait dit que Harald Wilhelm avait décidé de partir "en accord avec le conseil d'administration", sans donner de raison.

Le groupe avait aussi salué le travail accompli par Harald Wilhelm, qui a travaillé pendant 18 ans au département financier d'Airbus. Il aurait dû rester plus longtemps et il avait demandé des assurances au conseil sur son avenir au sein du groupe, ont poursuivi les sources.

Mais, quelques jours avant que l'annonce ne soit officielle, Harald Wilhelm a appris que le conseil voulait qu'il quitte l'entreprise en même temps que le président exécutif Tom Enders, afin que la rupture avec les pratiques passées soit plus franche.

"Le conseil a paniqué. Tout cela a été très mal géré", a dit une personne au fait du dossier.

(Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Dominique Rodriguez)

par Tim Hepher