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par Nidal al-Mughrabi

GAZA, 6 novembre (Reuters) - Après avoir repoussé les multiples appels au cessez-le-feu, Israël sera sous forte pression lundi pour éviter les pertes civiles au cours de son assaut sur la bande de Gaza alors même que la diplomatie américaine s'active pour tenter de réduire les risques d'escalade du conflit.

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken doit rencontrer dans la journée le ministre turc des Affaires étrangères à Ankara, quelques heures après que des centaines de personnes ayant participé à une manifestation pro-palestinienne ont tenté de prendre d'assaut une base aérienne abritant des troupes américaines dans le sud de la Turquie.

Dimanche, Antony Blinken s'est rendu en Cisjordanie pour rencontrer le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avant une visite non annoncée en Irak.

S'il a déclaré par le passé qu'un cessez-le-feu aurait pour seul effet de permettre au Hamas de se regrouper, le secrétaire d'Etat américain tente de faire accepter à Israël le principe de pauses humanitaires en des points précis de la bande de Gaza, assiégée par l'armée israélienne depuis le 7 octobre et l'attaque meurtrière du groupe islamiste.

Néanmoins, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a de nouveau rejeté dimanche les appels accrus à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, déclarant qu'il fallait au préalable que soient libérés la totalité des otages retenus dans l'enclave palestinienne, qui seraient plus de 240, depuis l'attaque du Hamas.

"Il n'y aura aucun cessez-le-feu sans le retour des otages. Il faut complètement retirer cela du vocabulaire", a-t-il dit devant le personnel de la base militaire aérienne de Ramon, dans le sud d'Israël, réaffirmant la position de longue date de son gouvernement.

"Nous disons cela à nos amis et à nos ennemis. Nous allons tout simplement continuer jusqu'à ce que nous les vainquions. Il n'y a pas d'alternative", a ajouté le dirigeant.

PROTÉGER LES CIVILS

Le directeur de la CIA, William Burns, doit se rendre en Israël lundi pour discuter du conflit et des services de renseignement avec de hauts responsables, selon le New York Times (NYT). William Burns s'arrêtera également dans d'autres pays du Moyen-Orient pour discuter de la situation dans la bande de Gaza, selon le NYT qui cite un responsable américain anonyme.

La CIA n'a pas répondu à une demande de commentaire de Reuters.

De son côté, la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, s'entretiendra avec des dirigeants étrangers dans la journée afin de discuter du conflit et de faire avancer les efforts de l'administration pour accroître l'aide humanitaire aux civils de la bande de Gaza, a indiqué son bureau.

Dimanche, le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, s'est entretenu avec son homologue israélien, Yoav Gallant, et "a réitéré son engagement sans faille en faveur du droit d'Israël à se défendre et a souligné l'importance de la protection des civils et de l'acheminement de l'aide humanitaire", a indiqué le Pentagone.

Selon les autorités sanitaires de la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas, plus de 9.770 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre et l'attaque surprise du groupe islamiste dans le sud d'Israël qui a fait 1.400 morts côté israélien.

L'armée israélienne a déclaré dimanche qu'elle avait encerclé la ville de Gaza, à l'extrémité nord de l'enclave.

L'agence de presse palestinienne WAFA a fait état d'un "bombardement sans précédent" de la part d'Israël, tandis que l'opérateur de télécommunications Paltel a signalé une nouvelle coupure des communications et des services Internet.

D'après un porte-parole de l'armée israélienne interrogé sur CNN dimanche en fin de journée, les bombardements dans le nord de la bande de Gaza ont été interrompus pendant plusieurs heures, deux jours de suite, afin de permettre aux civils de se déplacer en toute sécurité vers le sud de l'enclave palestinienne.

"Non seulement nous leur disons où aller, mais nous les aidons également à créer de bien meilleures conditions humanitaires dans le sud", a déclaré le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, sans indiquer si de telles pauses allaient se poursuivre.

Il a précisé que l'eau et les produits humanitaires étaient accessibles dans le sud de la bande de Gaza, mais que le Hamas gênait les convois en leur tirant dessus. Reuters n'a pas pu vérifier dans l'immédiat son témoignage.

De son côté, l'armée de l'air jordanienne a largué une aide médicale urgente à l'hôpital de campagne jordanien de Gaza tôt lundi, selon un message du roi de Jordanie sur X, anciennement Twitter, et des informations diffusées par les médias d'État.

La France a indiqué pour sa part qu'un troisième avion militaire était arrivé dimanche en Egypte avec de l'aide humanitaire destinée à Gaza.

(Reportage de Nidal al-Mughrabi à Gaza, Ali Sawafta et Simon Lewis à Ramallah, Dan Williams à Jérusalem et Costas Pitas à Los Angeles ; Rédigé par David Lawder à Washington ; Blandine Hénault pour la version française, édité par Kate Entringer)