Deux éléments d'égale importance ont poussé Barnes & Noble à envisager de se vendre au plus offrant. Le premier, structurel, est lié à la chute des ventes de livres et à l'avènement des tablettes de lecture, qui ont induit des pertes de 32 millions de dollars au 4ème trimestre. La dette long terme de l'enseigne est parallèlement en train de se creuser, à plus de 260 millions de dollars. Sur un an, l'action a dévissé de 44%.

Le deuxième élément prend les traits de Ronald Burkle. Ce dernier, détenteur de près d'un cinquième des actions, a récemment demandé à la justice américaine d'annuler la « pilule empoisonnée » pesant sur le libraire, qui empêche toute prise de contrôle et donc sa montée au capital.

Leonard Riggio, président fondateur de Barnes & Noble, au côté de son frère Stephen, vice-président, détiennent 34,1% du capital, et ont toujours clamé leur volonté de demeurer les principaux actionnaires de l'enseigne. Les poursuites engagées par Burkle et l'érosion des ventes ont manifestement changé la donne.

Valorisé plus de 750 millions de dollars en Bourse, Barnes & Noble a mandaté la banque Lazard pour étudier l'ensemble des options stratégiques, qui incluent la vente pure et simple de l'enseigne. Si les frères Riggio, avec un groupe d'investisseurs sont sur les rangs pour racheter leur entreprise, Ronald Burkle pourrait être le chien dans leur jeu de quilles.

Yucaipa, qui regroupe l'ensemble des nombreux actifs de l'activiste, a en effet assuré aux tribunaux du Delaware, qui s'occupent de sa plainte, continuer à acheter des actions Barnes & Noble. L'objectif est de pouvoir imposer des candidats au conseil d'administration et de réorienter la stratégie du libraire.

Le bras de fer ne fait donc que commencer. Il pourrait même se transformer en foire d'empoignes, sachant que d'autres candidats ne manqueront pas de se déclarer, attirés par l'immense plateforme de distribution de Barnes & Noble et sa récente intrusion sur le prometteur marché des livres numériques.