Lancé en 2008 par Mikhaïl Prokhorov, Snob est un magazine haut de gamme à destination des élites et des nouveaux riches de Russie. En français et en anglais, si snob veut dire guindé, voire prétentieux, en russe, le terme signifie plutôt accompli, indépendant, éduqué et prospère. Une petite touche ironique sur laquelle compte d'ailleurs notre milliardaire pour titiller ses lecteurs.

Egalement disponible en Grande-Bretagne, ce magazine mensuel (10 numéros par an) sera édité à 20 000 exemplaires et vendu au prix de 8 dollars. Il ne sera pas traduit en anglais et ne sera donc lisible que par les Russes de naissance ou d'adoption. En couverture du numéro de septembre ? Un portrait de Stepan Pachikov, brillant fondateur de ParaGraph, un logiciel de reconnaissance d'écriture.

« Les Russes vivant à l'étranger sont en train de redécouvrir la Russie », assure Masha Gessen, rédactrice en chef du magazine. Elle ajoute qu'ils sont désormais « assez sûrs d'eux et bien installés pour pouvoir revenir à la culture qui les unit ». De fait, avoir réussi à faire fortune hors de son pays permet de revenir dans ce dernier sans déshonneur, au moins à travers un magazine, parie-t-elle.

Mikhaïl Prokhorov poursuit deux objectifs avec le lancement de Snob : séduire les 330 000 expatriés russes et soviétiques aux Etats-Unis, et attirer de nouveaux fans pour son équipe de basket, les New Jersey Nets. A New York, notre milliardaire est en fait un petit peu comme chez lui, puisqu'outre son équipe de basket, il a acheté pour 200 millions la moitié des parts du Barclays Center, une majestueuse arène sportive située à Brooklyn, la « little Moscow » de la métropole new-yorkaise.

Mikhaïl Prokhorov, deuxième fortune de Russie (13,4 milliards de dollars selon Forbes), est à la tête d'Onexim, un fonds de private equity présent dans de nombreux secteurs, du nickel à la pile à combustible en passant par les nanotechnologies ou le secteur minier. Son magazine, dans lequel il a investi 100 millions de dollars en deux ans et ses New Jersey Nets viennent compléter un empire plutôt éclectique.