PARIS, 2 juin (Reuters) - Douze avocats représentant sept mis en examen pour abus de faiblesse dans l'affaire Bettencourt, dont celui de l'ex-président Nicolas Sarkozy, ont dénoncé comme un fait d'une "exceptionnelle gravité" les liens entre le magistrat instructeur et un des médecins qui a expertisé l'état de l'héritière de L'Oréal.

Selon le Journal du Dimanche, ces avocats ont écrit une lettre au procureur de Bordeaux pour estimer que la proximité entre le juge Jean-Michel Gentil et l'experte Sophie Gromb, qui aurait été témoin à son mariage, est "de nature à faire naître un doute sur l'impartialité objective de l'instruction".

"Il est essentiel au respect des droits de la défense que vous vous fassiez délivrer en urgence l'extrait intégral de l'acte de mariage de Monsieur et Madame Jean-Michel Gentil, célébré le 30 juin 2007 à Mérignac", demandent les avocats au procureur.

Ils reprochent en outre au magistrat instructeur d'avoir accordé à l'experte, un des cinq médecins ayant participé à l'expertise qui a décrété en 2011 que Liliane Bettencourt était en état de démence sénile, un dépassement d'honoraires "alors qu'il n'y a aucune trace d'une telle demande au dossier".

Ils pointent aussi sa rémunération supérieure à celles des autres experts intervenus dans l'affaire, alors qu'elle n'est "ni neurologue, ni psychologue, donc a priori pas spécialiste des questions de sénilité", rapporte le JDD.

Toujours selon le journal, les mêmes avocats ont écrit samedi au président de la chambre d'instruction pour demander un report de l'audience prévue le 6 juin pour examiner de précédentes demandes de nullité déjà déposées concernant notamment l'expertise qui a conclu à la faiblesse de Liliane Bettencourt et les conditions dans lesquelles elle a été effectuée. (Yann Le Guernigou, édité par Jean-Loup Fiévet)