Passif inclus, l'opération se chiffre à plus de 23 milliards de dollars (16,9 milliards d'euros).

L'opération va permettre à Liberty Global, qui diffuse déjà ses programmes à près de 20 millions de clients, d'entrer sur le marché britannique des télécoms, l'un des plus importants et concurrentiels d'Europe.

Le groupe de John Malone l'abordera fort de son expérience accumulée en tant qu'opérateur de télévision payante et de fournisseur de haut débit dans 11 autres pays européens.

L'acquisition de Virgin Media, qui compte 4,9 millions d'abonnés en Grande-Bretagne, placera Liberty Global en concurrence directe avec BSkyB, le bouquet de chaînes par satellite contrôlé par Rubert Murdoch, dont les abonnés britanniques sont au nombre de 10,7 millions.

Selon le communiqué diffusé par les deux groupes, les actionnaires de Virgin Media recevront 17,50 dollars en numéraire, 0,2585 action Liberty Global de classe A et 0,1928 action Liberty Global de classe C pour chaque titre Virgin Media apporté.

Aux cours de clôture de mardi, l'opération représente au total 47,02 dollars par action Virgin Media.

POTENTIEL DE CROISSANCE

Le milliardaire John Malone et Rupert Murdoch s'étaient déjà retrouvés face à face au début des années 2000 quand ils se disputaient le contrôle de DirecTV Group, le premier bouquet de télévision par satellite aux Etats-Unis.

News Corp, le groupe de Rubert Murdoch, avait finalement vendu à Liberty Global sa participation d'un tiers dans DirecTV. Le groupe de John Malone avait de son côté revendu les 16% de News Corp qu'il avait acquis, redonnant à la famille Murdoch l'entier contrôle de son empire médiatique.

Le rachat de Virgin Media marque une nouvelle étape de la rivalité entre les deux hommes et représente en partie l'aboutissement de la stratégie de redressement mise en oeuvre par Neil Berkett lors de son arrivée à la direction générale du groupe en 2008.

Après la création de Virgin Media en 2006, par la fusion de Telewest, NTL et de l'opérateur mobile Virgin Mobile, les premières années de l'opérateur ont été marquées par de nombreux contentieux avec BSkyB.

Neil Berkett, qui a annoncé son intention de démissionner à la fin de l'opération, a mis fin à ces disputes et a développé la clientèle du groupe en améliorant sa technologie, notamment ses services à haut débit.

Même si cette stratégie a permis à Virgin Media d'enregistrer ses premiers bénéfices annuels en 2011, certains analystes estiment que le groupe n'a pas mené une politique assez agressive pour accroître sa clientèle, alors que sa dette reste élevée, à 9 milliards de dollars.

En revanche, le réseau câblé de Virgin Media ne couvre que la moitié de la Grande-Bretagne et les analystes estiment qu'il y a là un fort potentiel de croissance.

Cet accord pourrait aussi permettre à Virgin Mobile de développer de façon plus énergique son offre pour les smartphones et les tablettes, un segment où BSkyB est très bien placé.

Liberty a annoncé de son côté qu'il ne modifierait pas la stratégie de Virgin Media et qu'il continuerait à investir dans les réseaux haut débit de sa cible.

ÉCONOMIES DE 180 MILLIONS DE DOLLARS

Les rendements des emprunts émis par Virgin Media se sont creusés et les coûts d'assurance de sa dette ont augmenté, à l'idée que le groupe britannique puisse s'endetter encore plus pour financer une transaction.

Virgin Media est en outre mieux noté que Liberty Global et l'opération pourrait affecter ainsi son profil de crédit.

Le principal actionnaire de Virgin Media - qui publie ses résultats annuels mercredi - est Capital World Investors, avec 14,6% des parts du groupe. L'autre actionnaire principal (10,9% des parts) est un autre fonds d'investissement, Capital Research Global Investors.

Cette acquisition ne devrait pas susciter de réserves de la part des régulateurs, disent des analystes, mais pourrait au contraire susciter l'intérêt d'autres fonds de capital investissement, traditionnellement attirés par les câblo-opérateurs.

La dernière opération d'envergure de Liberty portait sur l'augmentation de sa participation dans l'opérateur belge Telenet à 58%.

Selon les banques chargées du dossier, Liberty financera cette acquisition par l'émission d'obligations à haut rendement représentant à peu près l'équivalent de 2,3 milliards de livres.

Liberty, qui compte se domicilier au Royaume Uni à la suite de cette opération, estime que cet achat lui permettra de réaliser des économies annuelles à hauteur de 180 millions de dollars après l'intégration complète de Virgin Media.

Enfin, Liberty Global a publié mercredi matin des résultats provisoires, livrant un chiffre d'affaires de 10,31 milliards de dollars au quatrième trimestre, supérieur au consensus Thomson Reuters I/B/E/S donnant 2,65 milliards.

Précisant qu'il avait racheté à peu près un milliard de dollars de titres l'an passé, le câblo-opérateur a également fait état d'une hausse de 23% de son bénéfice d'exploitation trimestriel à 501 millions de dollars.

Il compte publier ses comptes définitifs le 13 février, après la clôture de la Bourse.

Hélène Duvigneau et Constance de Cambiaire pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat

par Kate Holton