Une nouvelle rasade de liquidités
Selon des sources citées par le Wall Street Journal, le fonds d'investissement de Guy Hands, Terra Firma, aurait injecté 28 millions de livres supplémentaires dans EMI Group, afin de soutenir l'éditeur musical qui peine à sortir de l'ornière.

En fait, il y a urgence : il fallait avant tout éviter qu'EMI n'ait à payer des pénalités pour n'avoir pu honorer ses engagements sur un prêt de plusieurs milliards de dollars accordé par Citigroup. En fait, il s'agissait de l'emprunt contracté en 2007 pour permettre à Terra Firma d'acheter EMI, au prix de 2,4 milliards de livres.

La diète sévère imposée par Guy Hands sur EMI pourrait ne pas avoir été suffisante. Pourtant, EMI aurait dégagé des bénéfices opérationnels l'an passé, grâce au succès de l'album « Viva La Vida » de son artiste phare, Coldplay, meilleure vente mondiale en 2008 avec 6,8 millions d'albums distribués.

Mais les pirates du Web continuent de coûter cher à l'industrie musicale qui peine à développer un modèle économique alternatif.

Le directeur financier prend du recul... Un autre signe peu encourageant sur les finances d'EMI a été donné la semaine passé. Son directeur financier Chris Kennedy, nommé seulement en avril 2008, se retire du poste pour prendre en charge les investissements de l'entreprise.

Il est remplacé par un homme de Terra Firma, Andrew Chadd.

Kennedy avait supervisé la politique de réduction de coûts, qui a permis de restaurer quelque peu la stabilité financière d'EMI, mais qui a en même compliqué le recrutement des nouveaux talents musicaux et menacé la part de marché.

En 2008, EMI est resté au quatrième rang mondial, avec 9,6% de part de marché contre 9,9% l'année précédente.

Warner en soutien... ou à l'affût
Du coup, les observateurs et les investisseurs cherchent d'où pourrait venir le rayon de soleil tant attendu. Et nombre d'entre eux se tournent vers Warner Music, troisième major mondial.

Une fusion entre EMI Music et Warner Music aurait du sens et donnerait naissance à un rival nettement plus crédible face aux deux poids lourds du secteur, Universal Music Group, filiale de Vivendi, et Sony.

L'an passé, Guy Hands avait discuté sérieusement de ce projet avec le Pdg de Warner, Edgar Bronfman Jr. Mais la négociation avait achoppé sur problème de taille : lequel des deux allait manger l'autre ?

Depuis, Warner reste très intéressé par la reprise d'EMI. Dans un récent emprunt obligataire de 1,1 milliard de dollars, Warner a introduit une clause prévoyant un remboursement anticipé en cas d'opération industrielle majeure... suivez mon regard.

Mais Warner est un peu plus à l'aise financièrement et comprend bien que rien ne sert de courir. À force de chuter, EMI pourrait un jour ne plus être en mesure de se relever. En cas de faillite, l'acquisition de son concurrent pourrait alors être bien moins onéreuse qu'aujourd'hui.