Tourner le dos à une mauvaise année
Le patron et fondateur de Terra Firma, Guy Hands, s'apprête à quitter le Royaume-Uni pour rejoindre l'île de Guernesey, voguant vers de plus cléments rivages fiscaux.

Les temps sont durs actuellement pour Guy Hands. Propriétaire du producteur musical EMI touché de plein fouet par le piratage sur Internet, Terra Firma a vu fondre la valeur de son investissement de moitié l'an dernier, soit environ 700 millions de livres.

Il faut dire que les ténors de la City adoptent actuellement un registre plutôt mezzo voce. Les pouvoirs publics britanniques ont abondamment puisé dans les impôts des contribuables pour renflouer les banques, et le chancelier de l'Échiquier entend désormais ponctionner les plus riches financiers pour restaurer en partie les comptes publics.

Un nouveau taux d'imposition visant les financiers les mieux payés (150 000 livres par an), et établi à 50 % des revenus, a été présenté par Alistair Darling. D'ici avril 2010, ce nouveau régime fiscal entrera en vigueur sur la City.

Ailleurs, l'herbe est plus verte
Du coup, les départs vers des États moins sourcilleux se multiplient. Hugh Osmond, patron de la compagnie d'assurance Pearl, a mis le cap vers la Suisse ; Peter Hargreaves, fondateur du courtier Hargreaves Landsown, s'est tourné pour sa part vers le climat plus doux du Rocher Monégasque ; et Crispin Odey, patron du fonds Odey Asset Management, a clairement laissé entendre qu'il préparait ses valises.

Un proche de Guy Hands pose simplement les faits : « Pourquoi devrait-il payer plus d'impôts alors qu'il peut partir pour les îles anglo-normandes ? Il possède un hôtel à Jersey, il connait donc assez bien la région. En outre, il est sur la route la majeure partie de l'année, alors l'endroit où il vit n'a pas vraiment d'importance ».

Terra Firma restera cependant légalement basée au Royaume-Uni.

Le gouvernement britannique est face à un véritable défi lancé par les grands financiers du pays. Plusieurs d'entre eux estiment que les nouvelles mesures fiscales pourraient retirer Londres de la liste des principales places financières mondiales. En face, les syndicats rétorquent que ce « bluff » des hauts cadres de la City ne doit pas décourager les intentions du gouvernement.

Toujours est-il que la fuite des cerveaux est une menace bien réelle pour le pays.