Daniel Loeb, le fondateur américain du fonds Third Point, devenu le premier actionnaire du géant japonais, souhaite que celui-ci vende au moins 20% du capital de sa branche de divertissement et utilise le produit de l'opération pour relancer ses activités d'électronique grand public.

"Je suis conscient du fait qu'il s'agit d'une proposition très importante", a dit Kazuo Hirai devant plus de 10.000 personnes réunies pour l'assemblée générale annuelle à Tokyo. "Elle concerne non seulement ce qu'est Sony aujourd'hui mais aussi ce que sera Sony à l'avenir."

La solution prônée par Daniel Loeb remet en effet en question le coeur de la stratégie de Sony ces dernières années, à savoir l'intégration des activités d'électronique grand public et des contenus, qu'il s'agisse de musique, de cinéma ou de programmes télévisés.

"Notre division de divertissement restera une part importante des activités de Sony", a assuré Kazuo Hirai. "Le conseil d'administration continuera de débattre des propositions de Third Point et nous aboutirons à une décision appropriée."

Ses déclarations ont laissé certains investisseurs sur leur faim. "Il n'a pas répondu à la question de l'opinion du conseil d'administration sur la proposition de Third Point", a constaté Jiro Sugiyama, un actionnaire, après l'assemblée gébérale.

LOEB A DÉJÀ GAGNÉ AVEC LA HAUSSE DU COURS

"Je comprends le point de vue de l'actionnaire américain mais je ne crois pas que la position de Sony évoluera. Au vu de la situation dans les activités d'électronique, les activités de divertissement sont une machine à cash et ils auront peur de la laisser filer."

La proposition de Daniel Loeb n'était pas officiellement inscrite à l'ordre du jour de l'assemblée générale mais l'homme d'affaires américain devrait maintenir la pression sur les dirigeants du groupe et son statut de premier actionnaire l'autorise, s'il le souhaite, à convoquer une assemblée gébérale extraordinaire.

Daniel Loeb a dit vouloir répliquer avec Sony le succès qu'il a remporté l'an dernier avec Yahoo: au terme d'une longue et âpre bataille juridique, il avait obtenu un remaniement du conseil d'administration du groupe américain de services internet.

"Quand Loeb s'est attaqué à Yahoo, il a été plutôt insistant. Avec Sony, il procède de manière plus amicale", constate Yasuo Sakuma, gérant de Bayview Asset Management à Tokyo. "Même si Sony ne scinde pas ses activités, (Daniel Loeb) sera gagnant en cas de hausse du cours de l'action en tant que gros actionnaire."

Le fonds Third Point de l'homme d'affaires américain a annoncé cette semaine avoir porté sa participation dans Sony à environ 7% du capital.

En Bourse, le titre du groupe japonais a progressé de plus de 7% depuis l'envoi à Kazuo Hirai de la première lettre de Daniel Loeb, le 14 mai. Il a plus que doublé depuis janvier alors que l'indice Nikkei n'affiche plus qu'un gain de 25%.

Avec Reiji Murai et Sophie Knight; Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat

par Mari Saito