La statistique préliminaire du produit intérieur brut (PIB) publiée mardi laisse en outre pressentir que le ralentissement a encore du chemin devant lui, un mauvais point pour une Banque centrale européenne (BCE) qui doit mettre en terme en décembre à son programme d'assouplissement quantitatif (QE) instauré en 2015 pour relancer croissance et inflation.

La hausse du PIB des 19 pays partageant l'euro est ressortie à 0,2% par rapport aux trois mois précédents, après une expansion de 0,4% au deuxième trimestre.

Ce taux de 0,2% est le plus faible depuis plus de quatre ans et l'euro a touché son plus bas niveau du jour contre le dollar en réaction.

Un tel chiffre ne poussera sans doute pas la BCE à surseoir à la fin de son programme de rachats d'actifs, encore qu'elle puisse repousser la date de la première hausse des taux attendue l'an prochain, de l'avis des économistes.

"Nous pensons que la BCE s'en tiendra à son projet de cesser les rachats d'actifs cette année mais la récente volée de statistiques en retrait laisse penser qu'elle soulignera que le resserrement monétaire est dépendant des chiffres à venir", observe Jessica Hinds, économiste de Capital Economics.

Sur un an, la croissance de la zone euro a ralenti à 1,7% contre 2,2% au deuxième trimestre.

Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une croissance de 0,4% d'un trimestre à l'autre et de 1,8% sur un an.

Eurostat ne publie pas de données par pays dans son estimation rapide préliminaire mais l'Italie a annoncé un peu plus tôt une stagnation de son PIB au troisième trimestre, sur fond de confrontation avec la Commission européenne au sujet du budget prévisionnel de 2019.

"Compte tenu que les discussions budgétaires entre Rome et Bruxelles sont déjà tendues, cette stagnation ne va pas arranger les choses", dit Berg Colijn, économiste d'ING.

En France, la croissance a accéléré à 0,4% au troisième trimestre, là aussi moins qu'attendu, selon la première estimation publiée par l'Insee.

L'estimation pour l'Allemagne ne sera pas publiée avant le 14 novembre mais les économistes pensent que la croissance là encore aura ralenti, même si le taux d'emploi y est à un niveau record.

La Commission européenne a annoncé séparément une dégradation du sentiment économique dans la zone euro en octobre pour le 10e mois consécutif, à 109,8 points contre 110,9 en septembre.

Il s'agit de la plus forte baisse de cet indicateur depuis le mois de mars et elle ne présage rien de bon pour le dernier trimestre de l'année.

La confiance s'est dégradée à la fois dans les services et l'industrie, alors qu'elle est un peu meilleure chez les ménages.

Globalement, le moral des acteurs économiques s'est dégradé en Allemagne, en France et en Italie tandis qu'il s'est au contraire amélioré en Espagne.

En dehors de la zone euro, le sentiment économique s'est un peu amélioré en Grande-Bretagne, surtout dans la distribution et les services, alors qu'il s'est dégradé dans l'industrie.

(Véronique Tison et Wilfrid Exbrayat pour le service français)

par Francesco Guarascio et Jan Strupczewski