PHILADELPHIE, 7 janvier (Reuters) - La Réserve fédérale devrait relever ses taux d'intérêt trois fois cette année compte tenu de l'effet des baisses d'impôts sur la croissance, et elle pourra durcir sa politique monétaire plus ou moins agressivement si besoin, a estimé John Williams, président de l'antenne de San Francisco de la banque centrale.

Dans un entretien accordé à Reuters samedi en marge d'une conférence de American Economic Association à Philadelphie, il a dit s'attendre à ce que l'économie américaine tourne à pleine capacité, ou proche de ce niveau, pendant les prochaines années.

Alors que ses collègues de la Fed n'attendent qu'un tassement modéré du taux de chômage qui est déjà à 4,1%, John Williams le voit reculer à 3,7% cette année sans risque d'envolée de l'inflation.

"On est dans une situation assez favorable : l'économie se porte très bien, tout le monde s'attend à ce qu'on continue de relever les taux graduellement (...) et si les données changent, on est en mesure d'y répondre", a expliqué le patron de la Fed de San Francisco, qui votera cette année aux réunions du comité de politique monétaire (Fomc) selon le système de rotation mis en place pour les présidents d'antennes régionales.

"Je ne crains pas un décollage soudain de l'inflation", a-t-il souligné. "Quelque chose comme trois hausses de taux me paraît sensé".

La banque centrale américaine a relevé ses taux à trois reprises en 2018 en réponse à la vigueur de la croissance et à la baisse du chômage, en dépit d'une inflation qui reste inférieure à son objectif de 2% depuis plus de cinq ans.

La prévision médiane des banquiers centraux américains pour cette année est de trois relèvements également, en tenant compte des baisses d'impôts de 1.500 milliards de dollars (1.245 milliards d'euros) votées le mois dernier.

L'administration Trump affirme que la réforme fiscale stimulera la consommation des ménages et l'investissement des entreprises. Mais les baisses d'impôts ciblent surtout les foyers à hauts revenus, qui selon les économistes ont une faible propension à augmenter leurs dépenses si leurs impôts baissent.

Les économistes sont aussi nombreux à penser que les entreprises consacreront surtout l'argent économisé au financement de rachats d'actions ou à leur désendettement plutôt qu'à de nouveaux investissements.

Pour John Williams, les baisses d'impôts auront un "effet positif modeste" sur la croissance des trois prochaines années. Il a dit tabler sur une hausse de 2,5% du produit intérieur brut cette année, un chiffre en ligne avec les estimations de la Fed, avec une croissance modeste de la population active et de la productivité.

L'économie américaine sera "dans une situation très positive dans deux ans : je pense qu'on aura un taux d'inflation de 2% et un chômage autour de 4%", a-t-il déclaré. (Jonathan Spicer et Howard Schneider, Véronique Tison pour le service français)