OTTAWA/WASHINGTON, 7 août (Reuters) - Alors que le ton continue de monter entre Ryad et Ottawa, les Etats-Unis ont exhorté mardi leurs alliés canadien et saoudien à régler la crise diplomatique résultant de déclarations canadiennes sur l'arrestation de militantes des droits des femmes.

"Les deux parties doivent régler cela ensemble par des moyens diplomatiques. Nous ne pouvons pas le faire à leur place, ils doivent régler cela ensemble", a dit Heather Nauert, la porte-parole du département américain d'Etat.

L'Arabie saoudite a ordonné dimanche soir l'expulsion dans les vingt-quatre heures de l'ambassadeur du Canada en poste à Ryad et suspendu tout nouvel échange commercial avec le Canada. Les échanges universitaires sont également suspendus, et les quelque 15.000 Saoudiens étudiant actuellement au Canada ont reçu l'ordre de rentrer chez eux.

Ces décisions sont une réponse à un appel d'Ottawa en faveur de la libération de militantes saoudiennes des droits des femmes.

Le gouvernement canadien a maintenu sa position: "Le Canada défendra toujours les droits de la personne, incluant les droits des femmes et la liberté d'expression dans le monde entier. Nous n'hésiterons jamais à promouvoir ces valeurs et nous croyons que ce dialogue est essentiel à la diplomatie internationale", a réaffirmé lundi soir le ministère des Affaires étrangères.

Dans l'entourage du Premier ministre Justin Trudeau, une source a toutefois indiqué mardi qu'Ottawa se préparait à demander de l'aide aux Emirats arabes unis et à la Grande-Bretagne pour désamorcer la crise.

"La clef, c'est de travailler avec des alliés et des amis dans la région pour refroidir les choses, ce qui peut se produire rapidement", a dit cette source.

Plus d'une dizaine de militantes des droits des femmes ont ainsi été arrêtées depuis le mois de mai. Les Nations unies ont demandé la semaine dernière la libération de militants des droits humains détenus en Arabie saoudite, notamment des femmes incarcérées pour avoir fait campagne contre l'interdiction faite aux femmes de conduire, interdiction désormais levée.

ARRÊT DES IMPORTATIONS DE BLÉ SAOUDIEN

En application des mesures annoncées par Ryad, la Saudi Grain Organization (SAGO), principal organisme public saoudien d'importation de blé, a cessé d'acheter du blé canadien.

Une note que Reuters s'est procurée auprès de négociants en céréales stipule qu'"à compter du mardi 7 août 2018, la Saudi Grains Organization (SAGO) ne peut plus accepter que des chargements de blé ou d'orge fourragère d'origine canadienne lui soient livrés".

Un négociant européen a dit ignorer si cette décision portait sur les contrats futurs, ou si même les transactions déjà conclues étaient concernées.

A Londres, le Foreign Office a appelé les deux pays, "deux partenaires proches du Royaume-Uni" à la retenue.

"Le Royaume-Uni est un fervent partisan des droits humains. Nous exposons régulièrement au gouvernement saoudien nos préoccupations sur les droits humains, y compris les arrestations récentes de militants", a ajouté une porte-parole. (David Ljunggren à Ottawa et Daphne Psaledakis à Washington, avec Michael Hogan à Hambourg et William James à Londres Henri-Pierre André pour le service français)