« Une récession tôt ou tard demeure très probable, et le risque concernant l'inflation et les taux reste orienté à la hausse », affirme Shamik Dhar, Chef économiste de BNY Mellon IM. « Les perspectives sont par conséquent incertaines pour les actifs risqués » tandis que les obligations, qui « offrent un rendement raisonnable et une bonne couverture », restent sa « classe d'actifs préférée à ce stade ». « Après les récentes turbulences, les perspectives à long terme des actions restent relativement favorables – même si une phase d’ajustement volatile semble inévitable ».

Le scénario le plus probable (50% de probabilité) prévoit une crise du crédit : la crise bancaire et le resserrement des conditions de crédit provoquent un ralentissement qui, au niveau actuel des taux d'intérêt, permettra le reflux de l'inflation. " Soumise à un resserrement des conditions financières et à un fort ralentissement, l'Europe pourrait, dans ce scénario, basculer immédiatement en récession ", surtout si l'on ajoute à cela l'impact de la hausse des prix de l'énergie. Quant à la Chine, elle " poursuit sa réouverture ", mais " le recul de la demande mondiale freine son élan et l'Asie connaît une croissance médiocre au second semestre ".

Un scénario d'atterrissage en douceur est possible à certaines conditions (20% de probabilité) : il faudrait que la crise bancaire se résorbe, que le marché du travail se détende via une baisse des offres d'emploi plutôt qu'une augmentation significative du chômage, ce qui se traduirait par un recul de l'inflation salariale lié à la diminution des départs volontaires. " Certes improbable, ce scénario ne peut être écarté, dès lors que le monde post-covid est sensiblement différent de celui que nous avons connu auparavant et le comportement des marchés du travail, en particulier, n'a rien de prévisible " précise l'analyste.

Un scénario " susceptible de plomber les marchés " serait celui de l' " atterrissage retardé " (30% de probabilité) : il verrait les banques centrales faire une pause au premier semestre pour évaluer les effets cumulés du durcissement monétaire déjà imposé, en raison de la crise bancaire et du resserrement des conditions de crédit qui en découle. L'inflation se stabiliserait alors en milieu d'année, mais resterait ensuite bien supérieure à son niveau cible, voire augmenterait au second semestre, et les banques centrales reprendraient alors leur cycle de resserrement monétaire au second semestre, et ce retard se traduirait par des taux terminaux nettement plus élevés que les anticipations actuelles – soit des taux supérieurs à 6% aux États-Unis. Ce revirement inattendu entraînerait un très net ralentissement en 2024.