LONDRES, 10 janvier (Reuters) - Les propos tenus la veille par un membre du département d'Etat américain, qui a invité la Grande-Bretagne à rester membre de l'Union européenne, ont donné lieu jeudi à une nouvelle manifestation des divergences entre le chef du gouvernement David Cameron et son adjoint "lib-dem" Nick Clegg.

Le Premier ministre a balayé l'hypothèse d'un désaccord avec Washington sur le sujet, mais le vice-Premier ministre, chef de file des libéraux-démocrates, a jugé les craintes de Washington justifiées.

Mercredi, Philip Gordon, secrétaire d'Etat adjoint chargé des affaires européennes, avait jugé lors d'un point de presse à Londres que, concernant la Grande-Bretagne, une sortie de l'UE serait contraire aux intérêts américains.

Cette intervention tout à fait inhabituelle dans un débat qui passionne les Britanniques et fait la "une" de la presse à quelques jours du discours que David Cameron doit consacrer à l'avenir des relations avec l'UE.

Beaucoup parmi les élus conservateurs le poussent à organiser un référendum en bonne et due forme sur le maintien au sein de l'Union, qui, à en croire les sondages, se solderait par la victoire du "non". Le patronat britannique se montre en revanche franchement hostile à un éloignement, tout comme les partenaires internationaux de Londres - Etat-Unis, Irlande et Allemagne en tête.

Interrogé jeudi sur les propos du diplomate américain, un porte-parole de David Cameron a répondu sèchement qu'il avait exprimé son propre "point de vue".

"Ce que Philip Gordon a dit hier, c'est que l'Etats-Unis sont très favorables à une Union européenne tournée vers l'extérieur dont la Grande-Bretagne est partie prenante et c'est aussi notre opinion", a-t-il poursuivi.

Pour Nick Clegg, en revanche, les Américains "sont parfaitement en droit de dire : '(...) Nous pensons que la Grande-Bretagne tient une plus grande place dans le monde si vous êtes bien installés dans votre propre coin".

Le vice-Premier ministre s'exprimait au micro de la station de radio LBL. (Andrew Osborn et Peter Griffiths, Jean-Philippe Lefief pour le service français)