BANGKOK, 5 septembre (Reuters) - La communauté musulmane est la cible d'une persécution systématique en Birmanie et le phénomène ne se cantonne pas au seul Etat de Rakhine (Arakan), dans le nord-ouest du pays, où des violences récentes ont contraint près de 90.000 Rohingyas à prendre la fuite, selon un rapport que publie mardi une ONG basée à Londres.

Le Réseau des droits de l'homme en Birmanie (BHRN) ajoute que ces persécutions sont soutenues par le gouvernement, des moines bouddhistes et des organisations ultranationalistes de la société civile.

"La transition vers la démocratie a laissé des préjugés tenaces influencer la manière dont le nouveau gouvernement dirige le pays et a donné de l'ampleur à un récit dangereux qui qualifie les musulmans de présence étrangère dans une Birmanie à majorité bouddhiste", écrit le BHRN dans son rapport.

Le réseau s'appuie sur quelque 350 interviews recueillies dans une cinquantaine de villes et villages sur une période de huit mois, à partir de mars 2016.

Aucune réaction n'a pu être obtenue dans l'immédiat auprès des autorités birmanes, qui, face aux accusations portant sur le sort des Rohingyas de l'Arakan, ont déjà démenti toute politique de discrimination et justifié les opérations en cours des forces de sécurité comme une campagne légitime contre des "terroristes".

Le rapport du BHRN ne porte pas sur les seuls Rohingyas mais brosse un tableau général de la situation des minorités musulmanes de différentes régions de Birmanie.

Il pointe l'impossibilité pour de nombreux musulmans, quelle que soit leur ethnie, de se procurer des cartes nationales d'identité, le blocage de lieux de culte ou bien encore la décision de plusieurs localités du pays, appuyées par les autorités, de se proclamer "zone interdite" aux musulmans. (Panu Wongcha-um; Henri-Pierre André pour le service français)