* Six semaines à la rencontre des Français

* Meetings, porte-à-porte, distribution de questionnaires

* Macron veut faire émerger une force "progressiste" en Europe

PARIS, 21 mars (Reuters) - Débats, questionnaires, porte-à-porte : La République en marche lance ses troupes dans une "Grande marche" visant à dresser un état des lieux à 14 mois des élections européennes où Emmanuel Macron entend faire émerger une force centrale continentale.

L'enjeu est grand pour le parti présidentiel, qui doit confirmer son ancrage local entamé au printemps dernier tout en tentant d'installer à Strasbourg une force pro-européenne "progressiste", en écho au positionnement adopté par le candidat Macron pour entrer à l'Elysée.

"Nous mènerons deux campagnes : une campagne nationale et une autre au niveau de l'Europe", a expliqué mercredi le délégué général de la République en marche (LaRem), Christophe Castaner, lors d'une conférence de presse. "La question du dépassement du clivage gauche-droite doit être au coeur de notre campagne".

Dans un contexte de repli nationaliste, notamment symbolisé par le "Brexit" et les récentes élections italiennes, LaRem s'engage comme elle le fit à sa naissance, en avril 2016, pour amener Emmanuel Macron au pouvoir.

Environ 200.000 euros seront consacrés à ces six semaines d'actions qui verront les militants recueillir les doléances des Français via des questionnaires et frapper, si possible, à "plus de 100.000 portes" sur tout le territoire.

"Selon vous, qu'est-ce qui ne marche pas en Europe?", "Que demanderiez-vous à l'Europe pour améliorer votre quotidien ?" figurent parmi les questions posées.

Les ministres membres de LaRem, inclus dans le comité de campagne, plus de 200 parlementaires, le Premier ministre Edouard Philippe - qui diffusera jeudi une vidéo sur le sujet - mais aussi des personnalités comme l'ancien eurodéputé Daniel Cohn-Bendit seront mis à contribution. "Avec le porte-à-porte, nous voulons toucher tous les Français", a expliqué Christophe Castaner, présentant sa formation comme "le parti du réel" où l'Europe constitue "le premier point de la charte des valeurs."

Le délégué général devait participer mercredi soir à une réunion publique à Paris aux côtés de Daniel Cohn-Bendit, de l'eurodéputé Jean-Marie Cavada et de la ministre française des Affaires européennes, Nathalie Loiseau.

Samedi, il sera à Metz aux côtés du ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer pour lancer officiellement la "Grande marche", première étape de la campagne vers des élections de mai 2019.

"RENOUVELLEMENT DES VISAGES"

Les question des candidatures ne sera abordée que dans un second temps, a expliqué Christophe Castaner, plaidant cependant pour un "renouvellement des visages" à l'image de l'avènement de quelque 300 députés LaRem, novices pour la plupart, à l'Assemblée nationale française en juin dernier.

Daniel Cohn-Bendit a repoussé l'idée d'être candidat, tout comme l'ancien Premier ministre conservateur Alain Juppé, qui s'est toutefois déclaré proche de la vision défendue par le locataire de l'Elysée.

Lors de l'élection présidentielle française, les candidats eurosceptiques Marine Le Pen (Front national) et Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) ont réuni à eux deux près de 41% des suffrages au premier tour.

Elu sur un programme pro-européen, Emmanuel Macron prononcera le 17 avril au Parlement de Strasbourg un discours appelé à compléter celui, fondateur, de septembre à La Sorbonne. "Notre discours de la méthode", a dit Christophe Castaner.

Le chef de l'Etat participera aux consultations citoyennes appelées à être menées dans la quasi totalité des pays européens d'ici octobre pour préparer la campagne.

L'objectif avoué d'Emmanuel Macron est de bousculer la domination des deux grands groupes politiques - socialistes et démocrates-chrétiens - à Strasbourg pour faire émerger une force centrale pro-européenne, avec de possibles alliances avec le parti espagnol Ciudadanos et le Parti démocrate italien.

"Il y a des attentes fortes en Europe de ce que nous représentons", a affirmé Christophe Castaner

Le Parlement français a adopté le projet de loi instaurant le retour aux listes nationales pour les européennes, à la place des huit circonscriptions précédentes. Emmanuel Macron y voit un moyen de renforcer la légitimité du Parlement européen tout en combattant l'abstention, traditionnellement élevée aux élections européennes en France - 56% en 2014, plus de 59% en 2009. (Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)