(Actualisé avec Netanyahu §§3-4)

JERUSALEM, 4 janvier (Reuters) - Un soldat israélien a été reconnu mercredi coupable d'homicide pour avoir achevé un Palestinien blessé et désarmé après une agression au couteau commise en mars dernier à Hébron, en Cisjordanie.

Elor Azaria, un conscrit qui possède la double nationalité franco-israélienne, est le premier membre de Tsahal a être poursuivi pour usage illégal de la force depuis le début de l'"intifada des couteaux".

Réagissant à cette condamnation, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a dit souhaiter que le soldat bénéficie d'une grâce.

"C'est une journée difficile et douloureuse - d'abord et avant tout pour Elor, sa famille, les soldats israéliens, beaucoup de citoyens et de parents de soldats, dont moi-même... Je suis favorable à ce qu'Elor Azaria soit gracié", a écrit le chef du gouvernement sur sa page Facebook.

Le jeune homme âgé de 20 ans a été filmé en train de tirer une balle dans la tête du Palestinien blessé, qui était étendu à terre, immobile. Les images, distribuées a plusieurs organes de presse, ont suscité une vive polémique en Israël et dans le monde.

Peu après les faits, plusieurs ministres d'extrême droite avaient mis en garde Benjamin Netanyahu contre un "procès spectacle". Le Premier ministre avait quant à lui téléphoné à la famille du soldat pour lui faire part de sa "compréhension" et l'assurer qu'il serait traité équitablement.

La cour martiale chargée de l'affaire n'a donc pas retenu la légitime défense.

Selon le long verdict dont la lecture a demandé deux heures et demie au colonel Maya Heller, président de la cour, Elor Azaria a agi pour venger l'un de ses camarades blessé par l'agresseur. "Il mérite la mort", a-t-il déclaré à un autre soldat, selon les juges.

"On ne peut pas recourir à la force de cette façon, même s'il s'agit de la vie d'un ennemi. Nous condamnons l'accusé à l'unanimité pour homicide et insubordination", soulignent-ils.

La peine sera prononcée à une date ultérieure. Elor Azaria est passible de vingt ans de prison.

Plusieurs représentants de l'extrême droite ont invité le président Reuven Rivlin à gracier le militaire, que ses partisans ont baptisé "l'enfant de tout le monde".

Pendant l'énoncé du verdict, plusieurs centaines de militants d'extrême droite s'étaient rassemblés à Tel Aviv pour exprimer leur soutien à Elor Azaria. Des heurts ont éclaté aux abords de la base militaire où se déroulait le procès. (Jeffrey Heller, Danielle Rouquié et Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Gilles Trequesser)